Marilyn Monroe pour toujours

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SOMALIE

Marilyn pour toujours

 

Située à l’extrémité de la Corne orientale de l’Afrique, bordée au nord et à l’est par le golfe d’Aden dont les eaux baignent ses 2 800 kilomètres de côtes, adossée à l’ouest aux plateaux du Haud et de l’Ogaden éthiopien qui s’enfoncent tels un coin dans sa partie médiane, la république de Somalie s’étend sur 637 657 kilomètres carrés. La population réelle en dehors des nombreux réfugiés n’atteint pas 6 millions, dont le quart vit dans les grands centres urbains, Mogadiscio, Chisimaio, Merca, Hargeisa, Berbera. La population, d’origine couchitique, musulmane en grande majorité, est apparentée sur le plan ethnique et linguistique aux autres occupants de la Corne, habitant l’Éthiopie, le Kenya et Djibouti. Plus de 70 p. 100 des habitants vivent d’un nomadisme pastoral qui leur procure l’essentiel de leurs ressources, rendues extrêmement précaires par les aléas climatiques. Située au carrefour de l’Afrique et du monde arabe, la Somalie présente des caractères spécifiques qui en font un pays à part dans l’ensemble africain. La communauté de religion, associée à des liens culturels et commerciaux séculaires, permet aux habitants de ce pays de se réclamer d’une appartenance au monde arabe; mais, dans le même temps, la géographie, l’histoire coloniale récente, certaines contraintes économiques la rattachent à l’Afrique noire. Cette double filiation a produit une culture originale s’exprimant à travers un nationalisme ombrageux qui est à l’origine d’un long conflit avec l’Éthiopie et de difficultés avec le Kenya pour obtenir le rassemblement sous son seul drapeau de l’ensemble des populations somali vivant dans ces derniers pays. Bon nombre de problèmes communs à tous les pays en développement, telle la recherche d’une économie viable, sont ici aggravés par un environnement naturel hostile.

La position stratégique de la Corne a fait de la Somalie un enjeu important des rivalités Est-Ouest. Ayant opté pour le socialisme après un coup d’État en 1969, le pays s’était engagé dans une étroite collaboration politique et militaire avec le bloc de l’Est pour assurer son développement. Une rupture intervenue le 13 novembre 1977 à la suite de l’appui apporté par l’Union soviétique au régime révolutionnaire d’Addis-Abeba a été la cause directe de l’échec subi par la Somalie dans sa tentative d’annexer l’Ogaden éthiopien. Après cette rupture, la république s’est retournée vers l’Occident, et son appartenance à la Ligue arabe l’a amenée à se rapprocher des États modérés de la péninsule. La guerre de l’Ogaden, l’afflux des réfugiés provoqué par celle-ci, une sécheresse sans précédent ont entraîné une crise économique grave, et le pays ne peut survivre que grâce aux aides extérieures. Depuis 1978, diverses tentatives de coup d’État ont été déjouées, mais le régime ne survit que grâce aux contraintes policières. L’essoufflement du régime autoritaire du président Siyad Barre s’est traduit par une montée de l’opposition, après le bombardement d’Hargeisa par l’armée en juin 1988. Le 30 décembre 1990, la capitale s’est soulevée contre le dictateur, puis, de novembre 1991 à mars 1992, de violents affrontements opposent ses libérateurs. L’O.N.U. s’implique à nouveau dans le pays à cause d’une sécheresse catastrophique durant l’été. Ses difficultés sont telles qu’une grande opération militaro-humanitaire est lancée en décembre 1992. Lorsqu’elle s’achève en mars 1994, elle est l’un des échecs majeurs de l’O.N.U. dans le maintien de la paix. La guerre larvée, qui règne depuis de nombreux mois, laisse peu d’espoir pour l’avenir du pays.

1. Le pays et les hommes

Le milieu naturel

La Somalie est entourée au nord-ouest par la république de Djibouti, à l’ouest par l’Éthiopie, au sud-ouest par le Kenya. Le long du golfe d’Aden au nord et de l’océan Indien à l’est s’étend, sur 2 800 kilomètres, une côte bordée de récifs de corail. À part les montagnes de la côte nord qui s’élèvent à 2 660 mètres, le pays est un vaste plateau semi-aride qui s’incline vers la mer. La seule végétation persistante est celle qu’on trouve en bordure des deux fleuves, le Shebelle et le Juba, qui descendent des hauts plateaux éthiopiens. Les pluies sont peu abondantes (moins de 600 mm par an) et irrégulières, et la sécheresse est interrompue par des périodes de précipitations diluviennes. Le climat est conditionné par les vents: la mousson de novembre se manifeste par un vent chaud et poussiéreux du nord-est, et la mousson de juin amène la fraîcheur du sud-ouest. Le maximum de chaleur et d’humidité est atteint aux périodes calmes du tangambili (qui signifie en swahili «entre deux vents»).

Qui sont les Somali ?

Des géographes arabes signalent la présence de nomades somali, avec leurs chameaux et leurs chèvres, au bord du golfe d’Aden au Moyen Âge. Selon une tradition populaire, les Somali croient qu’ils descendent de deux nobles Arabes, et par eux du Quraysh, le lignage du prophète Mahomet. Il y a six familles de clans ou tribus – Darod, Isaq, Dir, Hawiye, Rahanwein et Digil –, dont la généalogie remonte aux mêmes ancêtres. La parenté est la clé de voûte de la société somali, c’est elle qui définit le statut de l’individu, souvent ses appartenances politiques et sociales. De plus, les Somali sont unis par l’islam, par les coutumes et la langue, bien qu’il y ait plusieurs dialectes. Ils forment un peuple homogène, ce qui est une exception dans l’Afrique postcoloniale. L’effort pour survivre dans un désert de buissons, d’épineux et de termitières, les expéditions à la recherche d’eau et de pâturages au rythme des pluies ont fait de la guerre une activité habituelle. Chez les nomades, les occupations nobles des mâles sont la guerre, le soin des chameaux, l’étude de la religion et la poésie. Traditionnellement, les hommes regardent le labeur de la terre et la plupart des travaux manuels, chasse, travail du cuir ou forge, comme indignes d’eux. Ces travaux étaient accomplis par des groupes castés et des captifs qui, en retour, jouissaient d’une certaine protection au cours des querelles entre clans et des razzias. Les femmes dressent et démontent les tentes, gardent les moutons et les chèvres et s’acquittent des tâches quotidiennes. Les chameaux procurent le lait et la viande, transportent les tentes et les effets, et ne sont jamais montés, sinon par les malades ou les blessés. Symbole de richesse, ils servent aussi à acheter une épouse, ou sont offerts en compensation pour le meurtre d’un membre d’un autre clan. Le paiement de dia (prix du sang) d’un clan à un autre est calculé en nombre de chameaux.

2. Luttes tribales et coloniales

Expansion arabe et somalienne

Depuis le Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, les Somali se sont déplacés vers le sud jusqu’au fleuve Tana au Kenya, couvrant à l’ouest l’Ogaden en Éthiopie, conquérant leur propre territoire par la force. Au cours de leurs conquêtes, ils ont chassé ou assimilé les Gallas et réduit en esclavage les Bantous dont certains ont pu s’échapper et se réfugier dans des zones difficiles d’accès. Lors de l’abolition de l’esclavage, ceux-ci ont été affranchis mais, à cause de leur précédent statut et du fait qu’ils sont restés la source principale de main-d’œuvre agricole, les Somali les considèrent comme une caste inférieure, bien qu’ils soient aujourd’hui des citoyens à part entière. C’est des Gallas et des Bantous cultivateurs que les Somali ont appris l’agriculture. Les clans Rahanwein et Digil furent les premiers à s’y adonner et à s’établir dans la zone fertile qui s’étend entre les fleuves; ils y commencèrent l’élevage du bétail. Tandis que la migration des Somali s’opérait à l’intérieur du pays, Arabes et Persans fondaient la ville de Mogadiscio et les vieilles villes côtières de Zeila, Berbera, Merca et Brava. Les premiers marchands, en créant de lucratifs échanges d’entrepôts entre l’Éthiopie et l’Arabie, assuraient ainsi un lien durable, à la fois religieux et commercial, avec le monde islamique.

Occupation étrangère et partage

Au XVIe siècle, les villes côtières furent attaquées par les Portugais, puis prises, au siècle suivant, par l’imam de Mascate. Au début du XIXe siècle, elles tombèrent sous la juridiction égyptienne dans le nord et sous celle du sultan de Zanzibar dans le sud. Le percement du canal de Suez éveilla l’intérêt des puissances européennes pour les routes de navigation vers l’Orient: à la fin du siècle, la France et l’Angleterre établissaient des protectorats et l’Italie une colonie dans la Corne. Voyant les Européens tout près de chez lui, Ménélik II d’Éthiopie étendit ses propres frontières, de façon à garder à distance respectable les autres bâtisseurs d’empires. Des traités délimitant à cette époque les quatre sphères d’influence a découlé après la Seconde Guerre mondiale la cession de Haud et Ogaden à l’Éthiopie, malgré l’amère protestation des Somali.

Indépendance et union

À la fin de la guerre, la répartition des colonies italiennes présentait des difficultés qui furent soumises aux Nations unies, et, en 1949, l’Assemblée générale décida que la Somalie du Sud deviendrait indépendante après dix années d’administration italienne. Pendant cette décennie préparatoire à l’indépendance, l’autorité administrative italienne devait être secondée par un Conseil consultatif des Nations unies composé de la Colombie, de l’Égypte et des Philippines. Le 26 juin 1960, l’Angleterre accorda l’indépendance à son protectorat. L’État de Somaliland, dirigé par le Premier ministre Mohammed Ibrahim Egal, dura exactement cinq jours. Appliquant une convention passée antérieurement avec les dirigeants de la Somalie du Sud, il s’unit le 1er juillet à l’ancienne colonie italienne devenue indépendante à cette date. La République de Somalie était née. La constitution du nouvel État établit une démocratie parlementaire à chambre unique, dont les principaux organes étaient l’Assemblée nationale, le président de la République, le gouvernement et le pouvoir judiciaire.

3. Après l’indépendance

Après l’euphorie du début de l’indépendance, les Somali furent confrontés à des problèmes difficiles: il leur fallait intégrer les appareils administratifs hérités de l’Angleterre et de l’Italie et fusionner des armées dont les officiers avaient été formés selon des traditions différentes. Au cours des cinq années suivantes, avec l’aide d’experts des Nations unies, on parvint à unifier les principaux éléments de la structure de l’État, et on rédigea un nouveau code pénal. Toutefois, l’absence d’une écriture adaptée à la langue somali était un obstacle sérieux à l’unification. Certains accordaient leur préférence à l’écriture latine, mais les musulmans, exigeant l’écriture arabe, s’y opposèrent, de même que certains nationalistes qui préféraient un alphabet inventé par un Somali, Yusuf Kenadid Osman. Pour éviter des conflits, les documents officiels furent diffusés en anglais, en italien et en arabe. Cette situation inextricable a été résolue en octobre 1972, quand le gouvernement a rendu le somali langue officielle en adoptant l’alphabet latin pour l’écriture.

Une période de transition

Pendant la première décennie de la république, la situation fut assez stable sous les gouvernements successifs des Premiers ministres Abdirashid Ali Shermarke, Abdirizak Haji Hussein et Egal, l’ex-Premier ministre du Somaliland. Le président était élu par le Parlement pour un terme de six ans: à Aden Abdullah Osman succéda l’ancien Premier ministre Shermake. Dans un système politique où jouaient de nombreux partis, le suffrage universel et un scrutin secret assuraient un vote démocratique, et il y eut trois élections générales, dont la dernière au mois de mars 1969. La Somali Youth League (S.Y.L., Ligue de la jeunesse), un parti né dans le Sud en 1944 comme mouvement nationaliste clandestin, resta au pouvoir de 1960 à 1969. Les autres formations politiques quelque peu importantes étaient la Somali Democratic Union (S.D.U.), qui obtint quelques sièges en 1964, et le Hizbia Dastur Mustaqil Somali (H.D.M.S.), qui représente le peuple des deux rivières (Juba et Shebelle). Tous les partis étaient fondés sur des ambitions tribales, régionales ou personnelles. La lutte pour l’obtention de sièges à l’Assemblée nationale provoqua une prolifération artificielle de partis politiques à la veille des élections. Les conflits pour la place de tête de liste suscitaient souvent des désordres et parfois des effusions de sang. Très vite après le dépouillement du scrutin, ces partis disparaissaient et la rivalité continuait au sein de la S.Y.L. Par exemple, Abdirizak Haji Hussein quitta la S.Y.L. pour former le parti Dabka (littéralement: feu) en 1969. Après les élections de mars où il obtint un siège, le parti fut dissous, laissant son chef membre unique de l’opposition, face à cent vingt-deux députés du parti au pouvoir. Durant cette décennie, la république de Somalie entretient et développe ses relations avec les pays africains: le 8 novembre 1961, elle participe à la conférence de Monrovia qui rassemble dix-neuf États africains; le 21 juillet 1963, elle signe la convention de Yaoundé par laquelle elle s’associe au Marché commun avec dix-huit autres pays africains.

La révolution de 1969 et ses suites

L’assassinat du président Shermarke, à la mi-octobre 1969, à la suite semble-t-il de différends d’origine tribale, accroît le malaise politique qui a suivi les élections du printemps. Le 21 octobre, alors que les partis sont réunis pour lui donner un successeur, l’armée, avec le concours de la police, prend le pouvoir sans effusion de sang. Tous les membres du gouvernement, y compris le Premier ministre, ainsi que les principaux responsables politiques sont arrêtés, l’Assemblée nationale dissoute. Un Conseil suprême révolutionnaire (C.S.R.) est constitué, et son président, le major-général Siyad Barre, devient chef de l’État. Combattre le tribalisme, l’analphabétisme, le népotisme, la corruption, assurer la démocratie et la justice, venir en aide aux populations les plus déshéritées, tels sont les objectifs que s’assigne alors le C.S.R.; comme symbole de cette volonté, le pays prend le titre de république démocratique de Somalie. Tout en réservant le pouvoir de décision au gouvernement central, l’encadrement de la nation est assuré à travers des conseils régionaux, des comités de travailleurs et des projets collectifs d’auto-assistance. Pour assurer un meilleur contrôle des ressources nationales, il a été procédé à de vastes nationalisations: elles ne sont étendues en premier lieu aux services médicaux, aux écoles, aux banques, aux transports et aux opérations d’import-export. Les terres sont nationalisées en 1975. Les prix et les salaires sont étroitement contrôlés. Cette option n’empêche pas le pouvoir d’insister sur son attachement à l’islam, et les médias ne manquent jamais de rappeler que les principes de l’islam et du socialisme scientifique s’accordent. Mais le gouvernement ne tolère aucune déviation et s’oppose en particulier aux menées intégristes. En janvier 1975, dix oulémas qui ont violemment critiqué, dans les mosquées, les décisions accordant aux femmes l’égalité des droits avec les hommes sont condamnés à mort et exécutés, tandis qu’une trentaine d’autres sont condamnés à de fortes peines de prison. L’adoption de la langue somali comme langue nationale, en octobre 1972, a eu des effets très importants. Tout d’abord les masses urbaines ont été alphabétisées grâce à des cours du soir organisés par des enseignants, étudiants, fonctionnaires, cadres militaires ou politiques. Ensuite, d’août 1974 à mars 1975, vingt-cinq mille élèves, encadrés par leurs professeurs, accompagnés d’infirmiers et d’agents des services vétérinaires, ont mené une vaste campagne d’éducation de base dans les villages et les campements de nomades, touchant plus d’un million de personnes. Malheureusement, cette campagne de développement rural devait coïncider avec une des plus graves sécheresses qu’ait jamais connu le pays, et elle se transforma rapidement en opération d’assistance aux populations. Près de 300 000 nomades furent touchés par ce cataclysme, qui imposait une charge écrasante pour les maigres ressources du pays. Seule une aide massive de la communauté internationale permit d’éviter le pire. Avec l’aide de l’Union soviétique et des Nations unies, un pont aérien a rendu possible l’évacuation vers le sud de près de 200 000 nomades et leur réinstallation dans des exploitations agricoles, dans la vallée du Juba, ou dans des pêcheries expérimentales sur la côte. Ces efforts ont permis de limiter les pertes humaines. Le cheptel, par contre, fut grandement atteint, puisqu’on estime que près de 1 million de bovins, plus de 5 millions d’ovins et de caprins et au moins 50 000 chameaux furent perdus.

Le gouvernement militaire s’est employé à renforcer le contrôle exercé sur la population. Des centres d’orientation sont mis en place un peu partout dans le pays, tandis que les cadres de l’administration et de l’armée sont soumis périodiquement à des stages de «réflexion politique». On n’hésite pas d’ailleurs à user des moyens de répression classiques pour inspirer la crainte et renforcer la soumission d’un peuple généralement considéré comme individualiste et peu soucieux de toute autorité constituée. Le service national de sécurité joue un rôle important dans le contrôle de l’opinion publique. Des cours spéciales du service de sécurité, présidées par des officiers, infligent des peines sévères pour les délits «politiques» ou «tribaux». Les peines de mort sont toutefois peu fréquentes. Néanmoins, en 1972, le général Ainanche Gouled, ancien vice-président du C.S.R., le général Salad Gavayareh Kedie, ancien ministre, et un colonel furent condamnés à mort et exécutés publiquement pour complot. Depuis cette date, la répression se poursuit. Il faut noter toutefois la libération, en 1973, d’une trentaine de parlementaires détenus depuis 1969. De même, l’ancien Premier ministre Ibrahim Egal et cinq autres personnalités, condamnées à de lourdes peines de prison, bénéficièrent de l’amnistie générale décrétée à l’occasion de l’anniversaire de la révolution en octobre 1975. À partir de 1969, la coopération avec l’U.R.S.S., Cuba et les pays d’Europe de l’Est s’intensifie. L’armée était largement dépendante des Soviétiques pour son équipement et son entraînement. En échange de cette assistance, les Russes avaient obtenu des facilités militaires, notamment pour l’utilisation des ports de Berbera et de Chisimaio. De son côté, la République populaire de Chine était également présente, mais son action se portait plutôt sur les projets civils, telle la réalisation de la route stratégique bitumée qui relie maintenant Mogadiscio à Hargeisa, la capitale de la région Nord. Par contre, on assistait à une détérioration des rapports avec les États-Unis et les pays européens, à l’exception de l’Italie avec qui étaient conservés des liens privilégiés, permettant ainsi à la Somalie d’être associée à la Communauté européenne et de bénéficier à ce titre des accords de Lomé. À l’instigation pressante des pays communistes, le C.S.R. est dissous le 1er juillet 1976, et ses membres sont nommés au Comité central du Parti socialiste révolutionnaire somalien, qui devient le parti unique du pays. Le bureau politique est présidé par le général Siyad Barre qui est également secrétaire général du parti. Une nouvelle constitution préparée par le comité central du parti est adoptée par voie de référendum en août 1979. La nouvelle assemblée, sans pouvoir réel, est élue en décembre 1975 puis en 1984. Un amendement constitutionnel donne, en novembre 1984, tout le pouvoir au président. Soucieuse de maintenir ses liens traditionnels avec l’Orient arabe et d’avoir accès aux bénéfices de la rente pétrolière, la Somalie obtient son admission à la Ligue arabe en 1974. La même année, alors qu’il exerçait la présidence de l’O.U.A., le général Siyad Barre profite de cette tribune pour rappeler les revendications de son pays pour l’autodétermination des populations somali vivant encore sous tutelle étrangère, notamment en Ogaden. La venue au pouvoir en 1974 d’un régime militaire révolutionnaire qui avait succédé au gouvernement impérial éthiopien pouvait laisser espérer la possibilité d’une entente entre les deux pays. Malgré une tentative de médiation soviéto-cubaine, au début de 1977, l’espoir d’une solution négociée s’évanouissait rapidement.

Le conflit de l’Ogaden (1977-1978)

Les frontières dont elle a hérité lors de l’indépendance laissaient en dehors de la république un grand nombre de Somali: près de 40 000 en république de Djibouti, un million en Éthiopie et 200 000 dans le district frontalier au Nord du Kenya (N.F.D.: Northern Frontier District). Depuis lors, la politique étrangère de Mogadiscio aspire à réunir sous son drapeau tous les Somali. Mais c’est peut-être la question de l’Ogaden qui est le plus ressentie comme une injustice. La délimitation de la frontière n’a cessé de faire l’objet de litiges. En ce qui concerne la limite de la région Nord (ex-Somaliland britannique), le traité de 1897 conclu entre l’empereur Ménélik et l’envoyé anglais sir Rennell of Rodd avait pour principal inconvénient de couper de leurs zones de pâturages traditionnelles les populations Issak du Somaliland. L’émissaire anglais s’était efforcé d’obtenir du souverain éthiopien des garanties pour le maintien des droits de ces nomades. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Angleterre qui, par suite de sa victoire sur les Italiens, a réuni sous une même administration militaire l’ensemble des territoires somali, s’est à nouveau préoccupée de cette question. Avant de restituer aux Éthiopiens l’administration de l’Ogaden, un accord fut conclu avec ceux-ci pour garantir aux nomades le libre accès à leurs zones de pâture. Au lendemain de l’indépendance de la Somalie, ces droits étaient remis en cause par les Éthiopiens qui fermèrent la frontière en représailles contre les revendications de Mogadiscio sur leur territoire. En ce qui concerne la frontière de la région Sud (ex-Somalie italienne), l’Éthiopie et l’Italie n’ont jamais pu se mettre d’accord sur la délimitation précise de celle-ci. Ce litige fut d’ailleurs un des prétextes de l’invasion italienne de 1936.

Consciente de ce problème, l’O.N.U., en confiant en 1950, et pour dix ans, la tutelle de la Somalie à l’Italie, lui a donné mission de fixer une frontière au futur État, en recherchant un accord définitif avec l’Éthiopie, sous l’égide d’un médiateur que devait désigner le roi de Norvège. L’indépendance intervint en 1960, sans que les experts internationaux aient pu se mettre d’accord sur un autre tracé que la ligne provisoire de 1948. À partir de 1963, plusieurs conflits ont déjà éclaté aux frontières, mais jusque-là, grâce aux bons offices de l’O.U.A., qui tient au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, le pire avait pu être évité, sans que cessent pour autant les manifestations de l’irrédentisme somali. L’appui apporté par l’Union soviétique, à partir de mai 1977, au nouveau régime éthiopien remplit d’amertume les Somaliens qui se sentaient trahis par leurs alliés et les amena très rapidement à réagir. En avril 1977, le Front de libération de la Somalie occidentale (F.L.S.O.), avec un important soutien de l’armée somalienne, entreprend une série d’actions contre les garnisons éthiopiennes de l’Ogaden. Dès la fin de septembre il est maître de la région, et, parvenu aux contreforts du plateau éthiopien, il assiège Harrar. La situation de l’Éthiopie, aux prises par ailleurs avec les attaques des fronts de libération en Érythrée et une violente flambée de terrorisme urbain, paraît désespérée. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues en novembre 1977. Mais l’effort d’assistance militaire des Soviétiques et des Cubains à Addis-Abeba s’intensifie. Un véritable pont aérien organisé à partir d’Aden amène un flot de matériel pour rééquiper l’armée éthiopienne dont le moral remonte. Dans le même temps, à la suite de l’annonce d’une aide importante de l’Arabie Saoudite, sous la condition d’une rupture des liens avec l’Union soviétique, et forte de vagues promesses de soutien de la part des pays occidentaux, la Somalie rompt avec Cuba et dénonce le traité d’amitié qui la liait à Moscou, expulsant les quelque 6 000 experts soviétiques séjournant dans le pays. Les Somaliens comptaient beaucoup sur l’Occident, mais, en dehors d’une assistance arabe limitée, notamment saoudienne et irakienne, et de l’appui du chah d’Iran, les Somaliens se sont retrouvés pratiquement seuls, face aux Cubains et aux Russes qui appuyaient et encadraient les unités éthiopiennes réorganisées. Pour leur part, les Américains et les Européens, en dehors de la fourniture de quelques armes légères, se sont surtout contentés d’offrir une aide civile et d’adresser une mise en garde aux Russes et aux Cubains, les avertissant qu’ils garantissaient les frontières somali. Dans le même temps, pour ne pas mécontenter l’O.U.A., ils critiquaient ouvertement «l’agression» de Mogadiscio et rappelaient leur attachement au principe de l’intangibilité des frontières. Seule la Chine populaire prenait parti pour la cause de la Somalie. La position de celle-ci devenait intenable. En février 1978, devant le début d’une contre-offensive soviéto-cubaine, elle mobilisait toutes ses forces et annonçait officiellement la participation de l’armée au conflit. La lutte était trop inégale. Durement éprouvées par les combats dans la région de Jiggiga où elles s’étaient retranchées, les forces somaliennes se retiraient le 4 mars, laissant sur le terrain de nombreux morts et plus de 50 p. 100 de leur équipement lourd.

Après l’Ogaden

L’échec militaire ne pouvait manquer d’avoir des répercussions. Le 9 avril 1978, une tentative de coup d’État est rapidement déjouée à Mogadiscio. Elle a été fomentée par des militaires appartenant principalement à un clan de la région Nord-Est, les Madjerten, qui a fourni, avant la révolution, les principaux leaders du pays. Après une campagne d’explication à travers le pays, un congrès extraordinaire du parti se tient à Mogadiscio du 20 au 25 janvier 1979. La nouvelle constitution avec une Assemblée populaire élue au suffrage universel donne au régime une apparence plus libérale vis-à-vis de l’Occident et tente de le rendre plus populaire à l’intérieur. Mais le président demeure toujours le chef incontesté, appuyé sur les hommes de son clan, les Marehan, et sur le service de sécurité dirigé par son gendre. La nouvelle Assemblée n’a qu’un rôle réduit et le pouvoir appartient toujours au bureau politique. Un nouveau gouvernement est constitué en février 1980, mais en octobre le président décrète l’état d’urgence. Il justifie cette mesure par la nécessité de lutter contre la subversion, mais les difficultés créées par l’afflux des réfugiés en sont sans doute la cause principale. En effet, depuis 1979, on assiste à une arrivée massive de réfugiés fuyant l’Ogaden d’où les ont chassés les combats et la répression éthiopienne. En 1982, le Haut-Commissariat pour les réfugiés estimait qu’il y avait près d’un million de personnes dans les camps et qu’un nombre à peu près équivalent avait trouvé refuge auprès de parents ou subsistait en brousse avec ce qui leur restait de troupeaux. Chiffre énorme et sujet à caution comparé à celui de la population estimé alors à plus de 4 millions. Dès la fin de 1979, le président lança un appel à l’aide. En raison des difficultés d’accès, cette aide fut longue à se mettre en place. Elle arriva juste à temps, au cours de l’été de 1980, pour éviter la famine dans les camps. De nouveaux problèmes apparurent en octobre, lorsque le conflit Iran-Irak amena une cessation presque complète des livraisons de pétrole, provoquant un arrêt quasi total du ravitaillement. Pour y faire face, le chef de l’État ressuscita le C.S.R. et le chargea de préparer les mesures nécessaires. Depuis lors, la situation s’est améliorée. Le H.C.R. s’efforce d’acheminer régulièrement le ravitaillement, et des procédures de contrôle ont tenté de réduire le détournement de l’aide internationale estimé à près de 40 p. 100 en 1980.

Un avenir politique incertain

Une activité militaire s’est de nouveau manifestée en 1980 en Ogaden, où des heurts entre militaires éthiopiens et somaliens ont été signalés en avril, mai et août. Un comité spécial de l’O.U.A., réuni en août à Nairobi, a conclu ses travaux en confirmant la souveraineté éthiopienne sur l’Ogaden et recommandé une solution pacifique. Depuis lors, le calme règne et, faute de soutien, les activités du F.L.S.O. sont devenues marginales. De nombreux opposants se sont réfugiés en Éthiopie, où ils ont formé deux mouvements, qui ont bénéficié jusqu’en mars 1988 du soutien actif des Éthiopiens: le F.D.S.S. (Front démocratique somalien du salut), à tendance marxiste, et le M.N.S. (Mouvement national somalien). À partir de 1982, ces deux mouvements ont lancé une série d’attaques le long de la frontière, avec le soutien d’éléments de l’armée éthiopienne. Depuis, des accrochages périodiques ont opposé les deux armées le long de cette ligne. En janvier 1983, le M.N.S. réussissait un raid spectaculaire sur la prison de Mandera, près d’Hargeisa, libérant plusieurs centaines de prisonniers, dont de nombreux détenus politiques. À la suite de cette opération, le général Barre se rendit à Hargeisa, offrant une amnistie aux rebelles, mais il ne réussit pas à rétablir la confiance, notamment chez les hommes d’affaires, durement touchés par l’interdiction du commerce du qat et les restrictions sur les changes. Cependant, en 1985-1986, un gros effort d’aide économique a été fait en faveur du Nord, provenant de sources arabes et italiennes. Cela n’a pas suffi à calmer l’agitation, et les opérations militaires se poursuivent, pesant lourdement sur les ressources du pays. En mai 1986, le président, victime d’un grave accident de la route, est soigné pendant cinq semaines en Arabie Saoudite. Durant son absence, le général Mohamed Ali Samatar, premier vice-président, assure l’intérim et proclame l’état d’urgence pour parer à toute éventualité. Cette absence provoque de nombreuses manœuvres dans la famille du président, chaque clan tentant de s’assurer des gages en cas de vacance du pouvoir. Dès son retour, le chef de l’État s’efforçait de calmer les esprits en reprenant les rênes de l’État, sans réussir toutefois à faire cesser les spéculations quant à l’avenir du régime et à sa succession. Cette agitation n’a pas empêché sa réélection, à la fin de décembre 1987, avec 99,99 p. 100 des voix. Après la rupture avec l’U.R.S.S., en 1977, la Somalie s’est rapprochée de l’Occident. Un accord de défense signé avec les États-Unis, en 1980, permet à ceux-ci d’utiliser les installations de Berbera pour leur Force de déploiement rapide. En échange, les Américains ont fourni une aide économique et alimentaire substantielle. Les Somaliens ont été très déçus par le faible niveau de l’assistance militaire des Occidentaux qui souhaitent se limiter à des armes défensives. Dans le courant de mars 1988, la Somalie a renoué avec Moscou et une délégation soviétique a séjourné à Mogadiscio en octobre, sans réelle conséquence. Du côté africain, les relations se sont améliorées avec le Kenya à la suite du renoncement par les Somaliens à toute revendication territoriale. Mais l’événement majeur a été constitué par une série d’entretiens, entre le général Siyad Barre et le président Mengistu d’Éthiopie, qui ont abouti, le 4 avril 1988, à un accord de paix prévoyant une démilitarisation des frontières, un échange de prisonniers et une cessation réciproque de l’assistance aux mouvements d’opposition. Cependant, les affrontements entre le M.N.S. et les troupes gouvernementales se sont poursuivis dans le Nord.

Le M.N.S., acculé, réussit à prendre Hargeisa à la fin de mai 1988. L’armée bombarde alors la capitale du Nord-Ouest et provoque un exode de la population. La guerre bascule alors: les combats ne cessent plus jusqu’à la défaite du dictateur. L’opposition au Sud tente de s’organiser, mais les rivalités et les divisions sont aiguisées par le pouvoir et la politique du Parti socialiste italien très compromis avec Siyad Barre. Plusieurs fronts armés agissent dès le début de 1990: le Congrès de la Somalie unifiée (C.S.U.-Mostahil), dirigé par le général Mohamed Farah Hassan «Aydiid», et les deux factions du Mouvement patriotique somalien (M.P.S.). Dans la capitale, un Manifeste réformiste est signé en juin 1990 par des personnalités et appelle à une transition qui laisserait le pouvoir à l’élite commerçante et à une fraction des partisans de Siyad Barre. Mais il est trop tard pour une solution politique. Le 30 décembre 1990, la population de Mogadiscio se soulève contre le dictateur, qui quitte son palais le 26 janvier 1991 pour Chisimaio: les tensions montent alors chez les vainqueurs entre le général Aydiid et Ali Mahdi Mohamed, ex-membre du Manifeste, président auto-proclamé du pays par le C.S.U.-Mogadiscio. Le pays plonge dans la guerre civile, et les réfugiés venus de l’Ogaden une dizaine d’années auparavant quittent la Somalie pour l’Éthiopie. Les affrontements se poursuivent avec Siyad Barre, mais aussi dans les zones «libérées» où la prédation est pratique courante. La conférence de réconciliation nationale de Djibouti en juillet échoue, à cause d’une trop grande naïveté internationale. La guerre reprend sur une grande échelle dans la capitale de novembre 1991 au 3 mars 1992, avec un cessez-le-feu patronné par l’O.N.U. Celle-ci tente une intervention humanitaire classique, l’Onusom (Opération des Nations unies en Somalie), qui échoue. La gravité de la sécheresse et de la famine due à la guerre provoque néanmoins une mobilisation internationale. Une colossale intervention militaro-humanitaire, baptisée Rendre l’espoir, est décidée le 3 décembre 1992, sous le pavillon de l’O.N.U., mais avec une direction américaine. Ses succès sont limités. La famine est arrêtée, mais il n’y a aucune stratégie politique de règlement du conflit. De trop nombreuses incohérences de l’Onusom et la précarisation de la position du général Aydiid conduisent à l’assassinat de vingt-trois casques bleus le 5 juin 1993 et à une chasse à l’homme de juin à octobre, qui permet au général Aydiid d’acquérir une aura bien artificielle. L’humiliation américaine atteint son comble lors de l’incident du 3 octobre, lorsque une vingtaine de soldats américains sont tués (plus quelques centaines de Somaliens et d’autres casques bleus). Les États-Unis changent du tout au tout leur politique et quittent la Somalie en mars 1994, laissant les Nations unies dans une situation intenable. Les accords signés dans les grands hôtels de la Corne de l’Afrique ( janvier, mars et décembre 1993 à Addis-Abeba, mars 1994 à Nairobi) restent inappliqués. Les Nations unies, minées par la corruption, l’incompétence et l’aveuglement, sont incapables de stabiliser la situation, y compris dans la capitale malgré la présence de plus de 10 000 casques bleus. La situation humanitaire s’est certes améliorée, mais les conditions de travail des O.N.G. et des agences onusiennes deviennent très difficiles, avec des extorsions de fonds et des enlèvements fréquents. Le départ de l’Onusom durant l’hiver de 1994 à 1995 se déroule dans une insécurité généralisée. Le chaos est donc l’hypothèse la plus crédible. Le Somaliland connaît une autre trajectoire. En mai 1991, le M.N.S. déclare la sécession, mais sa médiocre direction crée une crise qui provoque l’effondrement du premier gouvernement. Une grande assemblée des anciens permet de sortir de cette impasse en mai-juin 1993 à Borama: un nouveau président, Mohamed Ibrahim Egal, est élu, et deux Assemblées sont mises en place. Ces représentants réussissent à maintenir jusqu’en novembre 1994 la sécurité, malgré les réticences des Nations unies et de son dirigeant, l’Égyptien Boutros-Ghali. Les troubles qui éclatent à Hargeisa à la fin de 1994 durent mais restent délimités. Une fois de plus, la république autoproclamée fait preuve d’originalité.

Développement économique et mise en valeur

L’effort de guerre, la sécheresse, l’afflux des réfugiés, les erreurs de gestion ont sérieusement ébranlé l’économie de la Somalie dont le P.N.B. par habitant est à peine de 250 dollars. L’agriculture, la pêche et l’industrie ont une production en baisse régulière depuis 1979, alors que la population ne cesse de croître, passant de 3,5 millions en 1975 à plus de 5,5 millions en 1988, auxquels s’ajoute environ 1,5 million de réfugiés que l’aide internationale n’arrive pas à soutenir totalement. Durant les premières années de l’indépendance, le gouvernement civil avait mis en œuvre plusieurs plans de développement et réussi à obtenir des aides substantielles de l’Italie, des États-Unis et de l’U.R.S.S. L’économie reposait sur l’élevage et les bananes, comme c’est encore le cas à la fin des années 1980. Des infrastructures ont vu le jour, telles que des routes, les ports de Berbera et de Chisimaio, des écoles, des hôpitaux. La prise du pouvoir par l’armée en 1969 a été suivie de l’adoption d’une économie de type socialiste avec création d’un secteur étatiste important qui, avec sa lourdeur bureaucratique, s’est révélé peu productif. En plus, les plans successifs ont rencontré des séries de problèmes: la sécheresse de 1974-1975 a amené un retard dans l’application du plan 1974-1978 en mobilisant les ressources pour y remédier. La guerre de l’Ogaden, suivie par une nouvelle série de sécheresses en 1979-1980, 1982-1983, et encore en 1986-1987, les destructions provoquées par le maintien de l’ordre dans la région du Nord ont achevé de rendre caduques les prévisions des planificateurs. L’agriculture est le secteur le plus important de l’économie, contribuant pour près de 60 p. 100 au P.N.B. L’élevage est la principale source de devises, mais l’arrêt des exportations vers l’Arabie Saoudite, à cause de la peste bovine, en 1983, a été durement ressentie. Avec l’aide de la F.A.O., la lutte contre les épizooties va permettre un redressement. Les bananes (80 000 t) constituent la deuxième source de revenus, le principal client étant l’Italie. La production des plantations de canne à sucre (500 000 t) est presque entièrement absorbée par le marché intérieur. Les autres produits du sol – grains, oléagineux, légumes – ne permettent pas encore d’atteindre l’autosuffisance. Pour y parvenir, le gouvernement fonde de grands espoirs sur le projet de barrage de Bardera, sur le Juba, qui, outre une importante production d’électricité, doit permettre d’irriguer et de mettre en valeur 200 000 hectares. Malgré l’opposition de la Banque mondiale, en raison de son coût, le barrage doit être réalisé par un consortium international euro-arabe.

Avec 3 000 kilomètres de côtes, la Somalie devrait tirer d’importantes ressources de la mer. On estime que 180 000 tonnes de poissons pourraient être capturés chaque année. Mettant à profit la situation désespérée de certains nomades après la sécheresse des années 1974-1976, le gouvernement avait tenté, avec l’aide de l’ex-U.R.S.S., de les sédentariser dans le Sud en les regroupant dans des coopératives d’agriculteurs et de pêcheurs. Après un départ encourageant, ces dernières ont périclité faute de moyens. Elles repartent avec une assistance étrangère, notamment italienne. La production reste faible: en 1987, elle a été de 6 000 tonnes pour le secteur artisanal et de 12 000 pour la pêche industrielle, affermée à des bateaux japonais, coréens et italiens. Pour diversifier l’économie, le gouvernement a tenté de développer l’industrie, mais les résultats sont décevants: ce secteur ne représente guère plus de 8,8 p. 100 du P.N.B. contre 13,5 p. 100 en 1980. Au point de vue minier, un gros effort reste à faire. Des minerais divers ont été identifiés, mais seul l’uranium, pour lequel une usine pilote a été construite, est exploité. Une cimenterie (200 000 t/an) a été mise en service à Berbera et une exploitation de gypse (1 620 t/an) fonctionne à proximité. Les usines ne comptent qu’une quinzaine d’unités, presque toutes consacrées à l’agro-alimentaire, les plus importantes étant les sucreries (47 000 t/an en 1986). Beaucoup d’installations fonctionnent au ralenti, faute de capitaux permettant de les moderniser ou d’acheter des pièces de rechange. Dans le domaine énergétique, outre la production d’électricité chroniquement insuffisante, comme beaucoup d’autres pays, la Somalie a été durement frappée par la crise du pétrole. Pour y remédier, une raffinerie financée par l’Irak a été construite à Mogadiscio. D’une capacité de 450 000 tonnes, elle devait fonctionner à plein en 1980 et compenser par ses bénéfices le prix du brut. Le conflit du Golfe, l’utilisation d’une technologie dépassée alourdissant les coûts ont réduit ces espoirs à néant. On espère toujours découvrir du pétrole, mais, si les études géologiques ont pu paraître prometteuses, les forages n’ont jusqu’à ce jour rien donné. Les sécheresses successives, les opérations militaires, l’aide aux réfugiés ont absorbé les maigres ressources de la Somalie. Pour financer son développement, le pays a dû avoir recours à l’emprunt. Malgré des dons très importants, la dette est énorme et dépasse 1 500 millions de dollars. Incapable de faire face au paiement des annuités, il a fallu demander au Club de Paris un rééchelonnement de la dette, qui a été accordé en 1985 et en 1987. Parallèlement, il a fallu se soumettre aux conditions draconiennes du F.M.I., qui a imposé une forte dévaluation et une réduction sévère des dépenses improductives. La hausse du coût de la vie, les pénuries de produits essentiels, l’inflation vertigineuse ont provoqué de graves manifestations à Mogadiscio en août 1987. Par crainte de désordres plus graves, le gouvernement décidait, en septembre, de dénoncer l’accord avec le F.M.I. et de réévaluer le shilling. Le Fonds ripostait immédiatement en rendant la Somalie inéligible aux droits de tirage et par un gel des prêts. Face à une crise financière inextricable, aggravée par les événements du Nord, les autorités somaliennes faisaient marche arrière en juin 1988 en décidant de dévaluer de 45 p. 100 sa monnaie, la parité passant de 180 shillings pour 1 dollar contre 100 précédemment. Le F.M.I. a fait immédiatement connaître son accord et annoncé que la Somalie pourrait à nouveau recourir aux prêts. On ne dispose pas de données chiffrées après 1990 et la guerre civile rend aléatoire toute considération sur la situation économique réelle du pays.

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