Marilyn Monroe pour toujours

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MARILYN Timbres Marilyn Monroe du monde entier MONROE

LIBéRIA

Marilyn pour toujours

C’est de manière particulièrement tragique que le Liberia occupe le devant de la scène politique africaine depuis la fin des années 1980. En effet, sur les conséquences désastreuses d’une crise économique, qui frappe au demeurant l’ensemble des États subsahariens, s’est greffée, en 1989, une sanglante guerre civile qui a provoqué, en septembre 1990, la mort du chef de l’État, le général Samuel K. Doe. En dépit d’un accord de paix conclu en 1993, les tensions restent vives dans un pays désarticulé économiquement et politiquement; elles plongent leurs racines dans une histoire singulière qui, à bien des égards, fait du Liberia un cas à part en Afrique.

1. Le cadre physique

État côtier de l’Afrique de l’Ouest, le Liberia est situé entre 40 20H et 80 30H de latitude nord et 70 30H et 110 30H de longitude ouest. D’une superficie de 111 370 kilomètres carrés, il jouit d’une façade atlantique de 570 kilomètres. Il est bordé par la Sierra Leone à l’ouest, la Guinée au nord-ouest et au nord, et la Côte-d’Ivoire au nord-est et à l’est. Du sud au nord, quatre régions sont à distinguer: une bande côtière de 20 à 30 kilomètres de largeur, succession de lagunes entrecoupées de promontoires rocheux, dont le cap Mesurado qui abrite la capitale, Monrovia ; une zone de bush faite de collines dont la hauteur s’étage de 40 à 100 mètres, relativement propices aux cultures; un arrière-pays montagneux, difficile d’accès du fait de la densité de la végétation; enfin, un haut pays qui, dans la partie septentrionale, fait communiquer le Liberia avec ses deux voisins guinéen et ivoirien et dont émerge le mont Nimba qui culmine à 1 752 mètres. Situé dans une zone plus équatoriale que tropicale, le Liberia connaît deux saisons: une saison des pluies de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. Sur la côte, la pluviosité, exceptionnelle en Afrique, fait de Monrovia l’une des capitales les plus humides du continent: la moyenne pluviométrique annuelle y est de 4,90 m, avec des pointes de 7 à 8 mètres. Favorables aux cultures de base, ces précipitations s’accompagnent toutefois souvent de dégâts importants et grèvent lourdement les transports. Le réseau fluvial est constitué de sept cours d’eau principaux. Le plus connu, parce qu’il a donné son nom à un organisme régional de coopération, est la rivière Mano qui forme une frontière naturelle avec la Sierra Leone. Le potentiel hydraulique comprend aussi le lac Piso qui, situé sur la bande côtière, a longtemps représenté l’attrait touristique essentiel du pays. Dans un milieu on ne peut plus propice, faune et flore s’épanouissent librement. Avant sa mise en exploitation par l’homme, la forêt étendait ses ramifications jusqu’au proche voisinage des côtes. Son importance la classait au premier rang des forêts africaines et elle constituait une grande réserve de bois tropicaux précieux. Mais, depuis une trentaine d’années, son exploitation en a altéré la luxuriance, bien que sa mise en valeur se heurte à de nombreux obstacles géographiques (mauvaises conditions de navigabilité sur les voies d’eau) et techniques (réseau routier de médiocre qualité, insuffisance des équipements portuaires) qui freinent l’exportation des grumes. Par ailleurs, le patrimoine floral est riche d’une très grande variété de plantes médicinales, largement utilisées dans les pharmacopées traditionnelles.

2. Le peuplement

Le relief tourmenté du Liberia détermine un peuplement clairsemé. Selon les estimations les plus courantes, la population libérienne se monterait à 2,780 millions d’individus, dont une majorité de moins de quinze ans, et son taux de croissance serait de 3,3 p. 100 par an. Sa densité est relativement faible, de l’ordre de 28 habitants au kilomètre carré en 1992, contre 61 en Sierra Leone, 63,9 au Ghana et 91 au Nigeria, par exemple. Longtemps peu développés, les centres urbains ont considérablement crû ces dernières années, du fait notamment de l’exode rural et de la guerre civile qui a éclaté à la fin de 1989; au début des années 1990, ils concentreraient plus de 42 p. 100 de la population totale du pays. Monrovia comptait plus de 450 000 habitants en 1986, contre à peine 20 000 en 1947 et 172 000 en 1974. Sa population actuelle est inconnue, les combats ayant drainé vers elle un flot ininterrompu de réfugiés depuis le début des années 1990, mais on pense qu’elle aurait doublé par rapport à 1986. Notons enfin que la guerre a chassé plus d’un million de Libériens de leur pays en 1990, principalement vers la Guinée et la Côte-d’Ivoire. D’autres villes de moindre importance jalonnent le paysage côtier. La plus connue est Buchanan, port minéralier spécialisé dans l’évacuation du minerai de fer, suivie d’autres ports moins actifs comme Harper, Greenville et Robertsport. L’intérieur du pays est parsemé de centres urbains nés de la ruée sur le caoutchouc et le minerai de fer. Les deux plus importants sont, dans l’ordre, Yekepa, construit au pied du mont Nimba par la Lamco, l’une des firmes exploitant les mines de fer, et Harbel, créé par la société Firestone qui exploite l’hévéa. Notons enfin l’existence d’agglomérations anciennes, telles Zwedru et Voinjama qui sont des «villes de chefs». Le peuplement du Liberia est le résultat de la superposition de strates migratoires successives et, pour certaines, très anciennes. Partis des savanes soudaniennes, les premiers flux migratoires ont atteint la côte en des temps immémoriaux; d’autres ont suivi ultérieurement, le dernier en date étant, au XIXe siècle, celui des esclaves affranchis venant des États-Unis. À la fin du XXe siècle, la population libérienne est formée de trois composantes principales. La première, la plus importante numériquement, est celle des autochtones (Natives). Elle s’articule autour de seize groupes ethniques regroupés en quatre grands ensembles: les Mandé-Fu, qui peuplent le centre et le sud du pays et qui se subdivisent en plusieurs sous-groupes dont les plus importants sont les Kpelle et les Krahn; les Mandé-Tan, qui habitent la côte et parmi lesquels on distingue les Vaï dont la civilisation a produit, au début du siècle dernier, un système d’écriture; les Kru, également établis sur la côte, notamment dans sa partie sud-est, sont un peuple de navigateurs connus sous le nom de Krumen; ils servirent longtemps d’auxiliaires aux marines occidentales; enfin, le groupe ouest-atlantique, qui pratique la culture du riz dans les montagnes.

La deuxième composante est celle des Américano-Libériens. Elle regroupe les descendants des esclaves affranchis – les Freemen – arrivés au pays entre 1822 et 1880 ainsi que ceux qui ont été arrachés à la même époque aux trafiquants d’ébène. Leur nombre exact est difficile à évaluer. Dans la meilleure des hypothèses, ils ne forment cependant qu’un pourcentage infime de la population du pays, autour de 5 p. 100, établi prioritairement le long de la côte. Mais leur importance politique et économique est inversement proportionnelle à leur poids démographique puisqu’ils monopolisent les richesses et le pouvoir. La troisième et dernière composante est celle des immigrants de diverses origines: Guinéens ayant fui la dictature de Sékou Touré, Ghanéens, Sierra-Léonais, Ivoiriens, Nigérians, Libanais, Indiens, Haïtiens, Européens attirés par l’appât du gain... Leur nombre est difficilement évaluable. Beaucoup sont titulaires d’une double nationalité et les statistiques existantes ne prennent pas en compte les entrées clandestines. L’anglais est la langue officielle, mais la majorité de la population parle le liberian english, un anglais adapté auquel manquent les consonances finales. À la diversité ethnique correspond une égale floraison de langues vernaculaires dont les plus répandues sont le bassa et le kpelle. Adepte des religions traditionnelles en grande majorité, la population libérienne se partage en outre entre chrétiens et musulmans. Les premiers se répartissent entre plusieurs Églises protestantes, les plus influentes étant les Églises baptiste et méthodiste, et un catholicisme d’implantation très récente (début du XXe siècle) mais réputé majoritaire aujourd’hui. Les seconds, en nombre sensiblement équivalent aux chrétiens, sont surtout des Mandingues ou apparentés. D’implantation ancienne, l’islam est cependant bien moins présent que dans les pays limitrophes, Guinée et Sierra Leone en particulier.

3. Histoire

La naissance du Liberia contemporain est indissociable de la fondation de Monrovia par les premiers colons (settlers) américains. Mais l’histoire des sociétés autochtones est bien antérieure à cet événement. Elle est cependant très mal connue et, à l’instar de celle de bon nombre d’autres sociétés africaines, reste en partie à faire. C’est dès le XVe siècle que les Portugais jetaient l’ancre au large de cap Mesurado sur lequel, 350 ans plus tard, les settlers américains allaient édifier Monrovia. C’est aux portugais que la région a dû son nom de «côte des graines» ou «côte du poivre», nom qu’elle garda jusqu’à la création de la république du Liberia, et même par la suite. Du XVIe au XVIIIe siècle, la région évolua au gré de la fluctuation des rapports de forces entre les grandes puissances européennes, la concurrence pour le contrôle du commerce des épices, de l’or, de l’ivoire et, plus tard, du «bois d’ébène», étant extrêmement vive entre notamment la France, la Hollande et l’Angleterre. C’est précisément de la condamnation du trafic d’esclaves que germa aux États-Unis, au début du XIXe siècle, l’idée de la création, en Afrique, d’un foyer réservé aux Noirs affranchis. Une association philanthropique, l’American Colonization Society, fondée en 1816, incarna cette idée, dans un contexte marqué par l’émergence du mouvement abolitionniste. À vrai dire, le projet américain n’était pas totalement nouveau. En effet, il s’inspirait dans ses grandes lignes d’un antécédent britannique: la création en 1787 par la Grande-Bretagne en Sierra Leone d’un foyer d’accueil pour le esclaves noirs affranchis. Mais l’expérience libérienne différait radicalement sur un point fondamental du «modèle» sierra-léonais: alors que la Sierra Leone ne rompit qu’en 1961 avec son statut de colonie de la couronne britannique, le Liberia accéda à l’indépendance dès 1847 et fut donc pendant plus de cent ans le seul État libre du continent africain. D’emblée, l’attention de la Société américaine de colonisation se dirigea vers la bande côtière située à l’est du territoire sierra-léonais. Sa relative hospitalité conjuguée avec un peuplement faible en faisait un site idéal. Plusieurs missions de reconnaissance finirent par aboutir au choix de cap Mesurado comme point d’ancrage des futurs colons. Le premier obstacle qu’eurent à surmonter les initiateurs du projet fut l’attitude assez réservée des roitelets locaux. Les négociations aboutirent à un accord en décembre 1821. En échange de quelques produits manufacturés d’une valeur d’environ 300 dollars, la Société de colonisation se vit octroyer une bande côtière de 200 kilomètres de longueur et 65 kilomètres de largeur, en plus de deux îlots. Sitôt l’accord conclu, les premiers colons – cent quatre-vingt-un au total –, refoulés quelques mois auparavant de Freetown (Sierra Leone), débarquaient sur la petite enclave baptisée Monrovia en 1824 en hommage au président américain Monroe. Au prix de combats meurtriers avec les populations autochtones rapidement excédées par l’expansionnisme des nouveaux arrivants, de nouvelles implantations se créèrent progressivement, d’autres associations philanthropiques américaines suivant l’exemple de la Société de colonisation. Au total, entre 1822 et 1892, plus de seize mille esclaves affranchis furent ainsi ramenés des États-Unis, chiffre auquel il convient d’ajouter celui de cinq mille sept cents esclaves saisis sur les bateaux négriers arraisonnés. En 1839, les implantations décidaient en majorité de se fédérer en un Commonwealth of Liberia doté d’un conseil élu, mais toujours placé sous la tutelle de l’agent de la Société de colonisation. Néanmoins, le «protectorat» américain touchait à sa fin, les États-Unis éprouvant des difficultés à gérer un territoire si lointain. C’est donc avec l’assentiment de la Société de colonisation que les colons proclamaient l’indépendance du Liberia le 26 juillet 1847.

Le deuxième obstacle de taille que la jeune république dut vaincre fut celui des convoitises territoriales anglaises et françaises. Face aux empires coloniaux européens, le Liberia faisait alors figure d’anomalie. Et, de fait, l’autorité de l’État libérien ne dépassait pas les limites de Monrovia et des autres enclaves; l’arrière-pays échappait totalement à son emprise. La tâche prioritaire allait donc consister à fonder et à consolider la légitimité internationale du nouvel État. Dès 1848, Joseph Jenkins Roberts, le premier président du Liberia, obtint la reconnaissance de son pays par la Grande-Bretagne, à l’issue d’une tournée aux États-Unis et en Europe. Celle de la France allait suivre rapidement. En revanche, le gouvernement américain, confronté sur son territoire aux partisans de la ségrégation raciale, ne reconnut officiellement le jeune État qu’en 1862. La normalisation des relations avec les deux grandes puissances coloniales européennes du XIXe siècle ne signifiait pas pour autant la fin de leurs ambitions territoriales. Tant Londres que Paris avaient longtemps refusé d’acquitter les taxes douanières dues aux autorités libériennes au titre des marchandises importées sur leurs navires de commerce. Par ailleurs, la définition très approximative des frontières du Liberia alimentait les pressions de la Grande-Bretagne et de la France. Ainsi, en 1883, la première annexa une partie de la côte allant de l’île Sherbro (Sierra Leone) jusqu’à la Mano et c’est seulement en 1885 qu’un traité fixant cette rivière comme frontière entre le Liberia et la colonie de Sierra Leone fut signé. Avec la France, les choses furent plus complexes: quelque 800 kilomètres séparaient le Liberia des colonies de Côte-d’Ivoire et de Guinée. Profitant de la fragilité du Liberia, la France lui arracha en 1891 une portion substantielle de territoire par un accord, confirmé en 1902, et fixant la rivière Cavally comme frontière avec la Côte-d’Ivoire. Du côté guinéen, un règlement intervint en 1911, mais sans toutefois mettre un terme aux frustrations des autorités libériennes. Le troisième problème posé à l’État libérien naissant concernait sa survie économique. Sans être totalement démuni, il devait néanmoins faire face à des besoins chroniques de liquidités cependant que son agriculture subissait dès le début du XXe siècle la concurrence du sucre de betterave et du café brésilien. Le recours à l’aide étrangère s’imposait donc. Les crises financières sur fond de scandales politiques succédèrent aux emprunts, d’abord en 1870-1872 puis en 1906 auprès de la Grande-Bretagne, ensuite en 1909 sur le marché international, ce dernier étant gagé par les recettes douanières. Dans ce contexte, le développement de l’industrie automobile aux États-Unis fut un véritable miracle pour l’économie libérienne. En 1926, avide d’accroître sa production de caoutchouc, la firme Firestone accorda au Liberia un prêt de 5 millions de dollars en échange d’une concession d’hévéas d’un million d’acres pour quatre-vingt-dix-neuf ans. Cet accord ouvrait la voie à l’assainissement des finances libériennes. Un nouvel élan allait être donné à l’économie libérienne avec la Seconde Guerre mondiale, la mainmise des Japonais sur les plantations d’hévéas du Sud-Est asiatique stimulant considérablement l’intérêt stratégique de celles du Liberia. Une dernière et malheureuse épreuve fut infligée au Liberia dans les années vingt: il fut accusé par la Société des Nations et par les États-Unis d’imposer le travail forcé à des Libériens dans l’île de Fernando Póo (l’actuelle Bioko). Une commission d’enquête internationale démontra l’implication de hauts fonctionnaires libériens dans ce scandale et ses conclusions furent si accablantes que le Liberia n’échappa que de justesse à la prise en main de son administration par la Société des Nations. C’est donc dans des conditions particulièrement délicates que le Liberia a fait l’apprentissage de la liberté. Après un siècle de luttes, de conflits et d’errements, une nouvelle ère allait s’ouvrir avec la fin du second conflit mondial, en même temps que se mettait en place un nouvel ordre international.

4. Institutions politiques et sociales

Largement inspirées du modèle américain, les institutions politiques libériennes reposent, jusqu’au coup d’État de Samuel K. Doe, sur un exécutif fort. Le président, élu pour quatre ans et secondé par un vice-président, en est la clé de voûte. Il nomme et révoque les secretaries, c’est-à-dire les ministres, et est le commandant en chef de l’armée. Depuis 1964, le territoire national est divisé en comtés dirigés par un superintendant représentant l’État et assisté de commissaires de comté. Cette centralisation du pouvoir s’accompagne de l’existence de structures anciennes (les chefferies) qui ont été maintenues. Le pouvoir législatif est partagé entre deux chambres, le Sénat et la Chambre des représentants. Comme aux États-Unis, le pouvoir judiciaire s’organise autour d’une Cour suprême et d’une «cour de circuit», qui est itinérante, dans chaque comté. Comtés et territoires disposent en outre d’une Probate Court et de justices de paix, en sus de cours municipales réservées aux villes importantes et aux gros centres industriels. Jusqu’en 1980, la vie politique s’est organisée autour d’un parti unique, le True Whig Party (T.W.P.), monopolisant le pouvoir depuis 1869. Jusqu’à son interdiction après le coup d’État d’avril 1980, le T.W.P. fut l’instrument de la domination politique des Américano-Libériens. Le mouvement syndical, bien que contrôlé, jouit d’une certaine marge d’action qui lui permet de s’exprimer par des grèves et des manifestations. Les sociétés secrètes sont nombreuses et puissantes. La franc-maçonnerie a constitué, dès les origines de l’État indépendant, un lieu d’identification pour la minorité américano-libérienne. Son influence, très forte, fut vivement combattue par le régime issu du coup de force de 1980. La population autochtone a par ailleurs ses propres sociétés initiatiques traditionnelles, comme le Poro, pour les garçons, et le Sande, pour les filles.

5. Stabilité, croissance, déclin

Les bouleversements nés de la Seconde Guerre mondiale coïncident au Liberia avec l’accession à la magistrature suprême d’un homme qui allait marquer profondément l’histoire de son pays. William Vacanarat Schadrach Tubman, descendant d’une famille originaire de Georgie, était fils de pasteur méthodiste. Après de solides études, il devint avocat puis juge à la cour de justice de Harper, chef-lieu de son comté natal de Maryland. Il embrassa tôt la carrière politique et devint à vingt-huit ans le plus jeune sénateur de l’histoire du Liberia. Nommé à la Cour suprême en 1937, il fut élu chef de l’État à la fin de 1943, à l’âge de quarante-huit ans, et investi officiellement en janvier 1944. Il resta à la tête de son pays pendant vingt-sept ans, son dernier mandat étant interrompu par la mort en 1971. William Tubman est resté célèbre pour ses efforts d’intégration de la population autochtone. Avec le développement économique, l’intégration fut l’axe majeur de son action. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, il se montrait conscient des divisions du pays entre la minorité américano-libérienne, très soudée par les liens du sang, l’histoire et l’appartenance à la franc-maçonnerie, et la grande masse des indigènes. En dépit de tentatives d’intégration, rares il est vrai, faites au siècle précédent (comme celle d’Edward Wilmot Blyden, un libéral qui joua un rôle politique important entre 1860 et 1880), ceux-ci restaient largement exclus de l’accès aux ressources politiques et économiques. Mettant en œuvre sa politique dite d’unification au prix de tensions parfois vives avec la minorité américano-libérienne, William Tubman entreprit de réconcilier les deux principales composantes de la population. Les mesures les plus significatives consistèrent à désenclaver l’arrière-pays et à donner à ses populations une représentation politique digne de ce nom. La Constitution de 1847, calquée sur celle des États-Unis, fut amendée, ce qui permit aux autochtones d’élire leurs représentants au Parlement. Ce dispositif fut parachevé en 1964 par la réforme du système administratif qui régissait jusque-là l’arrière-pays: les trois provinces qui l’organisaient furent abolies et remplacées par des comtés identiques à ceux qui existaient depuis plus d’un siècle sur la côte. Conduite méthodiquement, la politique d’unification consolidait la domination de la minorité américano-libérienne en même temps qu’elle facilitait la mise en valeur des ressources économiques nationales en favorisant l’adhésion de la périphérie aux objectifs du pouvoir central. La cooptation de segments des élites locales à des postes de responsabilité politique ou administrative, leur assimilation à la minorité américano-libérienne par des mariages mixtes, l’extension vers l’intérieur des réseaux de patronage côtiers contrôlés par les descendants des premiers colons, la dispersion de la population autochtone, tous ces facteurs conjugués empêchaient la cristallisation d’identités locales ou régionales et jouaient en faveur de la stabilité du régime.

Celle-ci était d’autant plus grande qu’à l’apaisement du climat politique répondait une croissance économique remarquable quoique trompeuse. Annoncée par le président Tubman dans son discours d’investiture, la politique de la porte ouverte (open door) reposait sur la liberté d’entreprendre et sur les investissements étrangers. D’abord lents, les résultats s’accélérèrent à partir des années 1960. En effet, le caoutchouc restait, au début des années 1950, la principale source de devises. Bientôt, toutefois, le minerai de fer puis l’exploitation de la forêt prirent le relais. Les facilités fiscales attiraient les investissements étrangers dont la valeur fut multipliée par 200 entre 1944 et 1970. Américains, Suédois, Allemands se partageaient l’exploitation des mines de fer dont la production atteignit plus de 20 millions de tonnes en 1974, faisant du Liberia le quatrième exportateur mondial. À cette manne s’ajoutaient les recettes fiscales tirées de l’immatriculation des navires étrangers battant pavillon libérien mais appartenant en fait à des armateurs grecs ou à des compagnies américaines. Avec un tonnage de 22,5 millions de tonneaux, la flotte marchande libérienne se hissait au premier rang mondial. Au total, selon les statistiques de l’O.N.U., le Liberia connut le taux de croissance le plus élevé du monde entre 1950 et 1960, avec une moyenne annuelle de 11,5 p. 100. C’est donc un héritage relativement bon que laissait à sa mort, en juillet 1971, William Tubman. William Tolbert, son successeur, poursuivit son œuvre. En tant que vice-président, il lui succéda automatiquement, avant d’être élu normalement en 1975. Son mandat fut tragiquement interrompu par le coup d’État d’avril 1980 dans lequel il trouva la mort. Franc-maçon, pasteur, le nouveau chef de l’État manifestait néanmoins un plus grand libéralisme que son prédécesseur et laissait s’exprimer certaines critiques. Il se démarqua aussi quelque peu de lui en accordant davantage d’attention à l’agriculture. Son objectif, ambitieux, était de rendre son pays autosuffisant en riz, l’aliment de base des Libériens. Dans cette perspective, il encouragea le mouvement coopératif, la mécanisation de l’agriculture et le développement de l’agro-industrie. Parallèlement, les recettes tirées de l’exportation du minerai de fer continuaient de croître, cependant que s’amorçait un mouvement d’africanisation des compagnies concessionnaires. Assez paradoxalement, toutefois, sa politique rizicole volontariste allait contribuer à provoquer la perte de William Tolbert. Afin d’inciter les paysans à accroître leur production de riz, le gouvernement décida en avril 1979 d’en augmenter le prix à la consommation. Fatalement impopulaire, cette mesure fut d’autant plus mal perçue qu’elle intervenait à la suite d’une grave affaire de meurtre rituel impliquant plusieurs personnalités politiques très influentes et des hauts fonctionnaires. La Progressive Alliance of Liberia (P.A.L.), parti d’opposition créé en 1975 aux États-Unis par des émigrés libériens et toléré, réagit contre l’augmentation du prix du riz par des manifestations, et des émeutiers s’en prirent aux commerces d’alimentation de Monrovia, notamment à ceux qui appartenaient aux Libanais. Appelée à la rescousse, l’armée rétablit le calme, mais il y eut plusieurs dizaines de morts. Dans la foulée, le gouvernement abrogea les mesures d’augmentation des prix et légalisait la P.A.L., sous le nom de Progressive People’s Party (P.P.P.). Pourtant, le malaise social persistait et, en mars 1980, le P.P.P. appela à une grève générale nationale. Aussitôt, son président, Gabriel Baccus Matthews, et soixante-dix de ses partisans furent arrêtés. Mais il était trop tard: le 12 avril, un petit groupe de soldats conduits par un sergent-major (promu général ultérieurement) du nom de Samuel K. Doe occupèrent la présidence, exécutèrent le président Tolbert et s’emparèrent du pouvoir.

6. La revanche des Natives

Ce coup de force illustrait dramatiquement les blocages sociopolitiques du Liberia. En effet, à la croissance sans véritable développement économique avaient correspondu la crispation de l’élite américano-libérienne sur ses privilèges et la généralisation de la corruption. William Tolbert, conscient des risques, avait bien tenté d’atténuer les effets de cette domination. Mais, même timide, son réformisme s’était heurté au conservatisme de l’appareil du pouvoir et du parti, dont l’hostilité de son propre frère, Frank Tolbert, président du Sénat. En outre, il n’avait pas su se rallier vraiment les milieux libéraux. Dans ce contexte, les mouvements d’opposition s’étaient multipliés, cristallisant tous les mécontentements. L’origine des conjurés du 12 avril symbolisait parfaitement l’exacerbation des tensions. Il s’agissait, pour la plupart d’entre eux, d’éléments subalternes de l’armée, issus de la population autochtone, et qui en exprimaient ainsi toutes les frustrations et les attentes. La revanche des Natives s’incarna dans la vague d’exécutions dont furent victimes, au lendemain du coup d’État, treize des personnalités politiques les plus importantes, dont six anciens ministres. Autour de Samuel K. Doe, désigné chef de l’État, se constitua alors le Conseil de rédemption du peuple, nouvel exécutif. Élargi sur les plans régional et ethnique, le C.R.P. se voulait représentatif de l’ensemble de la nation. Très vite, cependant, il allait se diviser. Une première épreuve de force opposa en juin 1981 son aile radicale, proche de la Libye, à sa faction conservatrice, menée par Samuel K. Doe. Celui-ci en sortit vainqueur, après avoir fait exécuter cinq de ses compagnons au sein du C.R.P. Une autre confrontation eut lieu en octobre 1983 entre Doe et le commandant en chef de l’armée, le général Thomas Quiwonkpa. Le chef de l’État triompha encore. En fait, pendant plus de dix ans, Samuel K. Doe dut faire face à d’incessantes oppositions: luttes factionnelles, complots militaires, agitation syndicale, malaise étudiant. En 1984, la levée de l’interdiction des activités politiques fit croire à une réelle démocratisation du régime. Plusieurs partis se constituèrent dans la perspective d’élections devant marquer le retour à un régime civil. Celles-ci eurent lieu le 15 octobre 1985. Mais c’est seulement deux semaines plus tard que les résultats en furent annoncés: Samuel K. Doe était proclamé vainqueur avec 50,9 p. 100 des suffrages exprimés. Toutefois, la fraude avait été évidente et massive. Loin d’apaiser le climat politique, cette élection précipita au contraire la déliquescence du régime. Alors que la corruption atteignait des sommets inégalés, les tentatives de coup d’État se succédaient cependant que l’opposition, unie dans une Liberia Grand Coalition (L.G.C.), entamait en 1986 des négociations avec le parti de Doe, le National Democratic Party of Liberia (N.D.P.L.), mais sans résultat. La dégradation décisive de la situation intervint à la fin de 1989. Une rébellion dans le comté de Nimba, durement réprimée par l’armée, entraîna l’exode de plusieurs milliers de paysans vers la Côte-d’Ivoire. Les mois qui suivirent furent marqués par une intensification des combats. Trois forces s’opposaient: l’armée loyaliste, le National Patriotic Front of Liberia (N.P.F.L.) de Charles Taylor et l’Independent National Patriotic Front of Liberia (I.N.P.F.L.) de Prince Johnson. Peu de différences idéologiques séparaient les belligérants. En fait, le mouvement de Charles Taylor apparaissait comme une réaction de l’élite américano-libérienne. Lui-même, de descendance noire américaine par son père, fut longtemps un haut fonctionnaire de l’administration Tolbert. Quant au mouvement de Prince Johnson, il s’agissait d’une scission du N.P.F.L. Miné de l’intérieur, déconsidéré en Afrique et dans le monde, le régime de Doe se désagrégea rapidement, les combats dégénérant en guerre civile, avec son cortège de massacres de civils et d’atrocités. En août 1990, les États-Unis évacuèrent leurs ressortissants mais refusèrent d’intervenir. À l’initiative du Nigeria, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (C.E.D.E.A.O.) décida à la fin du mois d’août d’envoyer une force de paix de troupes nigérianes, ghanéennes, gambiennes, sierra-léonaises et sénégalaises. Sans directives claires, prisonnière des divergences opposant les États membres de la C.E.D.E.A.O., la force régionale (dite Ecomog) ne put empêcher la poursuite des combats. Le 9 septembre 1990, Samuel K. Doe était tué par des combattants de l’I.N.P.F.L., mais les deux mouvements rebelles entraient en conflit entre eux. Réunie à Banjul (Gambie), la C.E.D.E.A.O. décida alors de la formation d’un gouvernement intérimaire. Afin d’en favoriser l’installation, la force régionale entreprit de ramener le calme, lançant plusieurs attaques contre le N.P.F.L., accusé de torpiller l’accord.

Le 28 novembre, une nouvelle conférence de la C.E.D.E.A.O. à Bamako (Mali) déboucha sur un cessez-le-feu signé par le N.P.F.L., l’I.N.P.F.L. et l’U.L.I.M.O. (United Liberation Movement for Democracy), mouvement armé formé par des partisans de l’ex-président Doe. Aux termes de cet accord, un gouvernement intérimaire d’union nationale présidé par un ancien opposant, le docteur Amos Sawyer, s’installa avec le soutien actif de l’Ecomog. Loin de ramener la paix, cet accord allait au contraire creuser davantage le fossé entre le N.P.F.L. d’une part, hostile au gouvernement du docteur Sawyer, et la coalition formée de la force de paix, de l’I.N.P.F.L. et de l’U.L.I.M.O., d’autre part. Du Liberia, les combats se déplacèrent alors dans le sud et l’est de la Sierra Leone où les troupes du N.P.F.L. furent rejointes par des rebelles au régime du général Momoh, cependant que la Guinée intervenait à son tour dans le conflit auprès des forces sierra-léonaises loyalistes. C’est dans ce contexte que s’ouvrirent à Yamoussoukro (Côte-d’Ivoire) en juin 1991 de nouvelles négociations qui devaient durer jusqu’en octobre de la même année. Un nouvel accord fut alors conclu, en vertu duquel les belligérants acceptaient de déposer les armes, désormais placées sous le contrôle de la force de paix, en attendant l’organisation d’élections dans un délai de six mois. Profitant de l’accalmie, la force de paix étendit lentement mais sûrement son contrôle à de larges parties du territoire libérien, mais sans toutefois que s’amorce un vrai dialogue entre les diverses factions en conflit. L’intransigeance du N.P.F.L. restant intacte malgré les apparences, la force de paix, de plus en plus sous influence nigériane, décida donc d’accentuer sa pression sur le mouvement de Charles Taylor. Dès octobre 1992, les combats reprirent, pour atteindre une intensité inégalée, les raids aériens de la force de paix répondant au bombardement de Monrovia par le N.F.L. En février 1993, une nouvelle offensive d’envergure infligea des revers significatifs au mouvement rebelle, prélude à la signature à Cotonou (Bénin), le 25 juillet de cette même année, d’un accord de paix entre toutes les parties. Le 22 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies adopta la résolution 866 qui prévoyait, notamment, la création d’une Mission d’observateurs internationaux chargée de superviser l’application de l’accord, l’acheminement de l’aide humanitaire et le bon déroulement des élections fixées à février-mars 1994.

7. La continuité en politique étrangère

Hormis quelques brefs intermèdes, le Liberia a constamment été dans le giron occidental. Toutefois, jusqu’au début des années 1930, c’est avec l’Europe et non avec les États-Unis que les rapports furent les plus étroits. C’est ce qu’on a appelé la «période européenne», marquée par l’établissement de liens économiques, financiers et politiques avec la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, voire les Pays-Bas. L’aide de ces pays permit aux colons de s’enraciner dans le pays, mais au prix de l’aliénation partielle de sa souveraineté effective. L’implantation de Firestone en 1926 consacra la fin de la période européenne et l’établissement de liens privilégiés avec les États-Unis. Cette évolution fut couronnée en 1943 par l’abandon de la livre anglaise comme monnaie nationale, au bénéfice du dollar américain. Une fois surmontée la crise de confiance entre les deux pays, à la suite du scandale de Fernando Póo, le Liberia se révéla un allié important pour les États-Unis, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale: c’est de l’aéroport de Robertsfield, situé à 60 kilomètres de Monrovia, que s’envolaient les «forteresses volantes» allant bombarder les positions allemandes en Afrique du Nord. Après la guerre, dans laquelle il s’engagea aux côtés des Alliés en janvier 1944, le Liberia participa, avec l’Éthiopie, à la création de l’O.N.U. Sous la présidence de Tolbert, la diplomatie libérienne s’ouvrit à de nouveaux partenaires: l’U.R.S.S., la Chine. Une brève amitié le lia à la Libye du colonel Kadhafi sous le régime Doe dont, par ailleurs, les rapports avec le protecteur américain, sans jamais se distendre réellement, pâtirent quelque peu des pratiques politique douteuses du successeur de Tolbert. Sur le plan régional, le Liberia est membre des organisations multilatérale d’intégration, comme la C.E.D.E.A.O. Il est associé à la Sierra Leone au sein de l’Union du fleuve Mano et signataire des conventions de Lomé.

8. Un pays potentiellement riche

Bien doté en ressources naturelles, le Liberia, du fait de la guerre en particulier, doit néanmoins faire face à des difficultés économiques considérables. En effet, le pays a été dévasté par les combats qui, en outre, ont été à l’origine du déplacement de la moitié de la population, alors que les investisseurs étrangers, inquiets, s’en détournent. Pourtant, paradoxalement, cette situation n’a guère affecté le statut de «puissance maritime» du Liberia. En effet, grâce aux pavillons de complaisance, sa flotte marchande, qui compte pour 15 p. 100 du tonnage mondial, reste la première du monde. Mais il n’en va pas de même pour le caoutchouc, principale source de devises jusqu’au début des années 1960, avant d’être supplanté par le minerai de fer. La culture de l’hévéa, dont on tire le caoutchouc, ne représentait plus que 40 000 tonnes en 1990, alors qu’elle s’établissait à 108 000 tonnes l’année précédente. Subissant de plein fouet les contrecoups de la guerre, la production libérienne doit en outre faire face à la concurrence du Sud-Est asiatique. Celle-ci, si elle affecte davantage les petits exploitants libériens que les grandes multinationales, avait déjà poussé l’une d’entre elles, la firme Firestone, à fermer une de ses plantations dès 1983 et à licencier neuf mille de ses employés. Parmi les autres cultures d’exportation, citons le café et le cacao ainsi que les grumes, la forêt libérienne constituant un gisement intéressant. Sur le plan des cultures vivrières, enfin, le Liberia produit du manioc et du riz. Pour ce dernier, des importations massives sont toutefois nécessaires, ce qui représente un fardeau supplémentaire pour les finances nationales. Depuis le début des années 1960, l’exploitation du minerai de fer constitue l’essentiel de l’activité industrielle, avec des réserves prouvées de l’ordre de 800 millions de tonnes d’une teneur en fer allant de 35 à 67 p. 100. Longtemps contrôlée par quatre multinationales, dont la Liberian American Swedish Mining Company (Lamco) liée à la puissante Bethlehem Steel, la production avoisinait régulièrement les 20 millions de tonnes. En 1980, l’État libérien prit une participation de 50 p. 100 du capital de la Lamco, participation portée à 62,5 p. 100 en 1983, après le rachat des parts détenues par Bethlehem. Actuellement, la production totale n’excède guère 13 millions de tonnes par an. Le Liberia dispose enfin de gisements exploitables d’or et de diamant, mais leur production est difficile à évaluer du fait de la forte contrebande qui sévit avec la Sierra Leone voisine. Désarticulées par la guerre, les finances publiques sont exsangues. En déficit depuis 1976, elles ont souffert de la gestion aventureuse du régime Doe et de la récession mondiale qui a gravement affecté les exportations libériennes. Dès 1985, des mesures d’austérité furent adoptées, mais sans grand résultat. De 437 millions de dollars en 1978, la dette extérieure est passée à 1 200 millions de dollars en 1991. L’incapacité du Liberia à rembourser les arriérés de sa dette a poussé le Fonds monétaire international à le déclarer inéligible à son aide en janvier 1986. Une lueur d’espoir est cependant apparue en 1992 avec l’annonce de l’octroi par la Communauté européenne d’une aide de 100 millions de dollars destinée à financer la reconstruction du pays.

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