Marilyn Monroe pour toujours

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ANGOLA

Marilyn pour toujours

 

Immense quadrilatère assurant la transition entre l’Afrique centrale francophone et l’Afrique australe anglophone, l’Angola est le deuxième pays lusophone par son étendue et le troisième par sa population. En dépit de l’ancienneté des contacts avec le monde européen représenté par le Portugal, l’Angola est une création récente de la colonisation. En un peu moins de deux générations, le Portugal avait réussi à porter son développement économique à un niveau remarquable, sans toutefois réussir à effacer les différences et les oppositions entre un colonat blanc de fraîche date et une population africaine aspirant à être et à se gouverner elle-même. Après une très longue guerre de libération (1961-1974), l’Angola, victime d’une décolonisation improvisée, s’est trouvé précipité dans une guerre civile de 1975 à 1991, attisée par la rivalité des grandes puissances. Les destructions et la désorganisation consécutives au départ des Portugais et aux attaques de l’Afrique du Sud ont également contribué à ruiner ce pays très riche et l’ont plongé dans une situation dont il ne pourra pas sortir tant qu’une réconciliation de tous les Angolais ne sera pas intervenue.

1. Un pays massif

Si l’on fait abstraction de la province de Cabinda au nord du fleuve Congo, enclavée entre la République du Congo et le Zaïre, l’Angola frappe par son aspect massif. La superficie de ses dix-huit provinces (1 246 700 km2) en fait le plus étendu des pays sud-sahariens après le Zaïre, et il affecte, en gros, la forme d’un carré comptant 1 277 kilomètres de la frontière zaïroise à l’embouchure du Cunene, et 1 236 kilomètres de celle-ci à la frontière zambienne. Les deux tiers du pays sont occupés par un plateau d’une altitude moyenne élevée (1 050-1 350 m). Il sert d’assise à un ensemble de hauteurs dépassant parfois 2 400 mètres. Le point culminant est le mont Moco (2 620 m) dans la province du Huambo. Ce plateau s’abaisse en pente douce vers l’est, mais il s’affaisse vers la plaine côtière en gradins successifs, voire en escarpements brutaux (Serra da Chela au sud). Cette plaine est séparée du plateau par des hauteurs intermédiaires dont la largeur atteint 160 kilomètres au nord pour se rétrécir à 40 et même 25 kilomètres au centre et au sud. Le désert du Namibe occupe la plaine littorale, de la frontière méridionale à une latitude bien supérieure à celle de Namibe (ex-Moçâmedes). Vers la cuvette congolaise, une dépression sédimentaire, la Baixa de Cassange, a joué un rôle historique notable d’écluse économique entre les commerçants de Luanda et l’Empire Lunda, puis de lieu de culture du coton. Les provinces situées au cœur du plateau (Huambo, Bié) représentent le centre de gravité démographique et surtout le château d’eau de l’Angola. Des affluents méridionaux du fleuve Congo, tels les Cassai (Kasai), Cuilo (Kwilu), Cuango (Kwango), y trouvent leur source, mais leur valeur économique est faible pour l’Angola, bien que plusieurs tributaires du Cassai affouillent des gisements diamantifères. Cette même inutilité relative caractérise les affluents angolais du Zambèze qui naissent sur le plateau (Luena, Lungué-Bungo, etc.), de même que des cours d’eau qui se perdent dans le Kalahari comme le Cuando (Kwando) ou le Cubango (Okavango). En revanche, deux fleuves importants qui dévalent vers l’Atlantique à partir de ce plateau ont une valeur économique ancienne (navigation sur le Cuanza/Kwanza) ou récente (hydroélectricité sur le Cuanza et le Cunene). Au nord du Cuanza, les fleuves Chiloango au Cabinda, Congo (Zaïre en portugais), M’bridge, Loge, Dange, Bengo, servent surtout à compliquer les liaisons terrestres; ils permettent dans le meilleur des cas une chétive navigation côtière (Congo) ou une irrigation très localisée. Au sud du Cuanza, et jusqu’au Cunene, les fleuves n’ont plus qu’une importance économique mineure (hydroélectricité sur la Catumbela). Le point important est que, à l’exception du Congo et du Cuanza (fleuve majeur de l’Angola: 960 kilomètres entièrement sur le sol national, et navigable jusqu’à Dondo, à 193 kilomètres de la mer), aucun cours d’eau ne peut servir à la pénétration de ce pays, peu engageant de prime abord, en raison de son aridité côtière. Le climat est tropical, tempéré par l’altitude. Le courant froid de Benguela réduit considérablement la pluviométrie sur la côte, et, si l’intérieur reçoit de fortes précipitations, notamment au nord et à l’est, les villes littorales ont presque toutes été contraintes à de coûteux travaux pour subsister dans un milieu qui oscille entre l’aridité et un environnement semi ou franchement désertique. Sur les hauteurs des provinces de Huila, Bié et Huambo, le froid conditionne l’extension d’une agriculture que les Portugais avaient orientée vers des modèles européens. En revanche, les collines du Cuanza Sul et du Nord-Ouest, fortement arrosées, se prêtent admirablement bien à la caféiculture. Le nord du Cabinda est essentiellement une jungle de montagne (Mayombe). Dans l’ensemble, l’Angola est un pays de savanes pauvres, de plus en plus improductives à mesure que l’on descend du centre vers la mer, le sud et l’est. Seul le milieu du Sud est favorable aux traditions pastorales.

2. Un pays sous-peuplé

Ce pays, qui jusqu’au XIXe siècle avait une fonction unique dans l’ensemble impérial portugais (fournir des esclaves au Brésil), souffre d’un manque d’hommes dû à de multiples facteurs. La traite négrière l’a dépeuplé plus longtemps que tout autre pays africain. De même, les guerres ethniques et anticoloniales y ont tracé des sillons sanglants et tardifs plus profonds qu’ailleurs. Mais il semble bien que ce soient les catastrophes naturelles (essentiellement la sécheresse au sud), les épidémies (variole, grippe), les endémies (maladie du sommeil le long du Cuanza et dans le Nord) et, surtout, les exigences de l’exploitation coloniale (exodes massifs), aggravée par la répression et la guerre à partir de 1961, qui ont fait de cet immense pays un désert humain sur des portions considérables de son territoire. En fait, nul ne sait à combien s’élève la population angolaise, car, si le dernier recensement (5 673 046 habitants en 1970) était relativement fiable, il ne tenait pourtant pas compte de 600 000 Angolais réfugiés dans les pays voisins. Depuis lors, les retours, les départs, les disparitions par faits de guerre, famine, épidémies, etc., ont été si importants qu’il est impossible de fournir un chiffre précis pour cette population. On peut cependant (en 1992) l’estimer comprise entre 9 000 000 et 10 000 000. Un fait reste indiscutable: pays meurtri, l’Angola est un État sous-peuplé dont la densité doit être de l’ordre de 7 à 9 habitants au kilomètre carré. Sur le plan démographique, la décolonisation s’étant soldée également par un tragique exode de l’élément européen qui a dû diminuer de 90 à 95 p. 100 depuis 1974, passant de 300 000 ou 350 000 à probablement moins de 40 000 personnes en 1992, on peut affirmer que la population s’est «réafricanisée» de façon accélérée depuis l’indépendance. Quelque 60 000 soldats et coopérants cubains, Européens de l’Est et Soviétiques ont été rapatriés entre 1988 et 1991. Le taux de croissance démographique annuel est estimé à 2,8 p. 100. Contrairement à la situation de l’époque coloniale, l’Angola est donc devenu un pays où la population négro-africaine finira par absorber les noyaux blancs et métis qui ont décidé de lier leur sort à elle. Si l’on fait abstraction des métis (peut-être moins de 80 000) qui jouent un rôle disproportionné dans la vie politique, économique et surtout administrative, la population angolaise est donc essentiellement composée de Bantou. Leurs subdivisions (de 90 à 100) peuvent être regroupées en sept grandes ethnies. Depuis 1960, aucun dénombrement n’a été opéré, mais les plus importantes sont les Ovimbundu, les Mbundu et les Bakongo. Les Ovimbundu (peut-être 30 ou 35 p. 100) constituent l’ethnie clé de l’Angola, en raison de leur position sur les plateaux centraux (et leurs marches), de leurs effectifs, de leur expansionnisme et également de leur avidité à absorber les éléments modernisateurs. Essentiellement agriculteurs, mais de plus en plus urbanisés, ils possèdent de nombreuses élites (issues des missions protestantes et catholiques), de grandes villes intérieures, telles Huambo (ex-Nova Lisboa), où l’insécurité sur le plateau a multiplié la population depuis 1960, ou côtières (Benguela, Lobito, dépassant chacune 200 000 habitants pour les mêmes raisons). La force d’attraction du parti politique contestant l’autorité du régime en place jusqu’en 1992, à savoir l’União nacional para a independência total de Angola (U.N.I.T.A.), est sensible chez les Ovimbundu.

Les Mbundu sont les gens de la vallée du bas et du moyen Cuanza et ils atteignent le Cuango. Ils ne doivent pas représenter plus de 20 à 25 p. 100 de la population, mais, habitant le socle colonial originel, ils ont bénéficié d’une imprégnation culturelle moins ténue que les groupes situés plus au nord, à l’est et au sud. Ce sont eux qui ont aidé les Portugais à conquérir le reste du Nord et de l’Est-Angola avant que les Ovimbundu ne les rejoignent dans ce rôle. Agriculteurs et ouvriers, pépinière de métis et de lettrés depuis de nombreuses générations, ils s’identifient traditionnellement à Luanda et aux mouvements qui en émanent. Ils ont donné naissance au parti nationaliste le plus structuré, le Movimento popular de libertação de Angola (M.P.L.A.), qui eut jusqu’en 1992 le monopole du pouvoir officiel depuis l’indépendance dans la partie du territoire qu’il contrôlait. Ce sont eux qui forment le gros des troupes et des cadres du M.P.L.A. Les conditions précaires dans lesquelles ce parti s’est affirmé dans la capitale en 1975, la guerre qui a ravagé le territoire mbundu en 1974-1975, les difficultés économiques, même au cœur du bastion de l’Angola «sûr», le simple attrait de la ville sur des ruraux pauvres, tout cela a favorisé un exode des Mbundu de l’intérieur vers Luanda, qui a pratiquement triplé sa population entre 1970 et 1992 (probablement 1 200 000 hab.), bien qu’elle ait perdu plus de 130 000 Portugais et un grand nombre de ses réfugiés depuis la fin des combats (1991). Ville naguère conçue pour les Blancs – et eux seuls –, Luanda, démesurément grossie par ces nouveaux arrivants, reste, malgré tous les maux dont elle souffre, la seule ville où une activité ralentie se fasse sentir. Centre administratif, culturel, économique, la capitale ne s’est pas encore relevée du désastre qu’elle a dû subir depuis 1974. Son infrastructure et son parc immobilier ne répondent plus aux exigences d’une ville moderne: Luanda croule sous ses bidonvilles. Les Bakongo ont été les grands perdants de la guerre anticoloniale, puis civile. Bien qu’il soit impossible de chiffrer leur importance en raison de leurs exodes répétés vers le Zaïre, où ils se sentent plus à l’aise que dans le reste de l’Angola, ils ne doivent pas dépasser présentement plus de 15 p. 100 de la population angolaise. En dépit de certains mythes historiographiques, des trois grandes ethnies ce sont eux les moins touchés par l’influence portugaise, et leur pôle de référence pendant la période coloniale était Léopoldville (devenue Kinshasa) et non Luanda. Plusieurs dizaines de milliers de Bakongo, revenus du Zaïre, habitent désormais la capitale. Ils n’ont pas de grandes villes sur leur territoire, Uíge (ex-Carmona) n’était qu’une grosse bourgade et Mbanza Kongo (ex-São Salvador) un centre plus connu par les souvenirs qui se rattachent au royaume du Kongo qu’une agglomération active. Les autres ethnies principales sont les Lunda-Quioco (Tschokwe), les Ganguela, les Nhaneca-Humbe et les Ovambo. En dehors de ces Bantou aux langues mutuellement inintelligibles subsistent de petits noyaux de Bushmen. L’une des difficultés majeures qui assaillent le pouvoir central est le manque de cohésion nationale et l’absence d’intérêts communs aux différentes ethnies, certaines s’estimant oubliées ou brimées par le M.P.L.A. et les Mbundu. L’ethno-nationalisme est assurément un facteur d’une importance capitale dans ce pays dont l’unité n’a été forgée qu’en deux ou trois générations de colonisation plaquée sur un ensemble artificiel.

3. La ruine d’un pays riche

Jusqu’en 1973, en dépit de la guerre anticoloniale ou plutôt grâce aux efforts d’investissement que le Portugal consentait pour la gagner, l’Angola était le fleuron de l’Empire portugais, et son colonat blanc avait acquis une belle mais illusoire confiance en sa destinée. Son départ a entraîné un tel effondrement de l’économie que toute analyse de ce qui en reste se résume à peu de chose eu égard à ce qu’elle devrait être. Cependant, s’il faudra attendre longtemps avant que les productions agricoles retrouvent leur niveau d’avant 1974, les richesses minérales, elles, demeurent et permettent à l’Angola d’assurer un minimum d’assistance socio-éducative aux populations des villes. Dans un pays tragiquement privé de cadres et qui, de 1975 à 1990, a consacré probablement 25 milliards de dollars à sa défense, la vie économique ne pouvait se concentrer que là où la guerre et la guérilla l’autorisaient. Cette situation conflictuelle anormale se faisait surtout sentir dans le Sud, dans l’Est et dans le Centre, mais la désorganisation des réseaux commerciaux ailleurs, le manque de stimulants partout, la lassitude ou l’indifférence généralisées, l’absence de coïncidence entre les slogans et les réalités, tout concourait à aggraver les maux de l’économie. Aucune statistique fiable ne reflète l’ampleur exacte du recul, mais il est évident que l’agriculture est tombée au-dessous du niveau de subsistance. Jadis pilier et symbole de l’économie coloniale des années 1950-1960, la production de café des provinces d’Uíge, Cuanza Norte, Cuanza Sul et Luanda est passée de 225 000 tonnes en 1974-1975 à 13 500 en 1987. Deuxième producteur africain avant l’indépendance, l’Angola paie les conséquences de l’abandon des travaux d’entretien dans les plantations européennes, nationalisées après la fuite de leurs propriétaires, du refus des travailleurs migrants ovimbundu de reprendre le chemin du Nord-Ouest, de la sécheresse, enfin de la bureaucratie et du manque de transports et de cadres. Par la mécanisation des fermes d’État et des coopératives, on s’efforce de redresser la production de coton (Malange, Luanda, Cuanza Sul) qui s’était effondrée de 104 000 tonnes en 1974 à 307 tonnes environ en 1986. Malgré les experts cubains, la production de sucre n’a jamais retrouvé son niveau de 1973 (14 000 t en 1987). Le maïs, aliment de base des Ovimbundu, est tombé de 700 000 tonnes en 1973 à 250 000 tonnes en 1987. Malgré la fin des hostilités au printemps de 1991, l’état lamentable des routes et des pistes et l’effondrement des réseaux commerciaux se conjuguent pour que de nombreuses zones connaissent encore la disette, voire la famine. L’élevage était naguère très important dans le Sud (4 400 000 bovins en 1973). Depuis lors, la guerre et la sécheresse ont dévasté le cheptel. Exportateur de denrées alimentaires avant l’indépendance, l’Angola en est réduit à faire appel à l’aide internationale pour nourrir non seulement ses villes et ses réfugiés internes (600 000 en 1990), mais également la population rurale restée sur place. L’industrie du bois, qui était notable au Cabinda et au Moxico, est moribonde. La pêche jouait jusqu’en 1973 un rôle important, en raison des ressources halieutiques favorisées par le courant de Benguela, et les pêcheries au sud de cette ville traitaient 600 000 tonnes de poisson en 1972. Les Portugais ayant évacué l’essentiel de leurs embarcations, la production angolaise tombait à 191 000 tonnes en 1985. Cette situation angoissante se retrouve dans l’industrie. Au cours des dernières années de leur présence, les Portugais avaient développé considérablement les industries de transformation dont la croissance était de 19 p. 100 par an. Les industries alimentaires représentaient environ 40 p. 100 de la production, les textiles venant en second lieu, mais on notait déjà une diversification assez impressionnante (papier, produits chimiques, verre, cycles, automobiles, pneumatiques, meubles, ciment). C’était probablement l’industrie du bâtiment qui progressait le plus rapidement, surtout à Luanda qui prenait l’aspect d’un micro-São Paulo. Cet essor s’est brisé brutalement et, à l’exception des cimenteries et du bâtiment, l’industrie tourne à 40 ou 50 p. 100 de son niveau d’avant 1974 dans les ports. Dans les villes de l’intérieur, elle a pratiquement cessé d’exister.

Deux secteurs permettent cependant à l’Angola d’espérer. Les géologues savent depuis longtemps que les richesses du sous-sol du pays en font l’un des coffres-forts miniers de l’Afrique centrale. Les sociétés multinationales exploitaient essentiellement le fer, le diamant et le pétrole. Les mines d’hématites de Cassinga ont des réserves supérieures à 1 milliard de tonnes et exportaient, en 1974, 5 236 691 tonnes de minerai de fer. Les destructions opérées en 1975 ont paralysé la production. Les diamants ont longtemps été la grande richesse de l’Angola, avant l’essor de la production de café. Exploités en régime de concession dans la Lunda, à Dundo, près de la frontière zaïroise, les diamants exportés représentaient 2 093 410 carats en 1974. Mais la désorganisation entraînée par la fuite de l’essentiel des techniciens portugais, la diminution de la main-d’œuvre africaine et une contrebande effrénée firent chuter la production à un tiers de ce chiffre dans les années 1985-1986. L’ouverture de nouveaux gisements a fait remonter la production à 1 272 000 carats en 1989 (valeur: 229 millions de dollars). Le M.P.L.A. a très vite compris que les diamants et le pétrole constituaient le nerf de la guerre et n’a cessé de maintenir de fortes garnisons sur les gisements ou à proximité. Toutefois, la guérilla de l’U.N.I.T.A. affectait la zone diamantifère, et cette organisation obtenait une large portion de la production clandestine. Le pétrole a permis de financer les importations de biens d’équipement, de produits de consommation et surtout d’armes soviétiques. Le pétrole de Cabinda, exploité par la Cabinda Gulf Oil américaine, mais protégé par le contingent cubain, a donc assuré la survie du régime dans les années cruciales 1976-1990 et, représentant environ 95 p. 100 des exportations de l’Angola officiel, c’est le pétrole qui permit à Luanda de financer une guerre qu’autrement il aurait probablement été incapable de mener aussi longtemps. La production n’étant pas soumise aux attaques de la guérilla, puisque concentrée au large de Cabinda et secondairement au sud du fleuve Congo et du Cuanza, devait, selon les estimations, atteindre 22 500 000 tonnes de brut en 1991, dont 21 000 000 tonnes devaient être exportées. Autre ressource qui permet de dire que l’Angola sera l’un des pays africains les plus riches au sud du Sahara lorsqu’il retrouvera la stabilité, la production d’hydroélectricité est importante, bien que largement sous-utilisée en raison du recul de l’industrie. En 1973, l’Angola disposait de 984,3 millions de kilowattheures, mais n’en consommait que 914,5 millions. L’essentiel est produit par le barrage de Cambambe sur le Cuanza, mais d’autres ouvrages existent sur la Catumbela et le Cunene. Un projet grandiose sur le moyen Cunene, à Ruacana, sur la frontière de Namibie, financé par les Sud-Africains, est paralysé depuis 1974. Le Cunene en ses divers aménagements pourrait fournir 1 milliard de kilowattheures. Un accord (1982) de coopération avec l’U.R.S.S. portant octroi de crédits soviétiques équivalant à des engagements de 2 milliards de dollars jusqu’en 1990 prévoyait la construction de nouveaux barrages, dont un gigantesque sur le Cuanza (irrigation de 400 000 ha), d’une deuxième raffinerie, etc. L’insécurité et des problèmes financiers ont beaucoup retardé la réalisation de ce projet. Pays immense, l’Angola disposait d’un bon réseau routier pour l’Afrique (72 300 km de routes, dont 8 317 km bitumés en 1974), mais les destructions de ponts, le manque d’entretien et l’insécurité dans de vastes régions en réduisirent considérablement l’utilité. Cela vaut également pour les voies ferrées dont une seule (Luanda-Malange) est encore parfois utilisée. Le chemin de fer de Benguela, qui autrefois désenclavait le Katanga (Shaba actuel) et la Zambie, longtemps saboté et attaqué en permanence par l’U.N.I.T.A. ne joue plus qu’un rôle local sur certains tronçons. Il en va de même de la ligne Namibe-Menongue (ex-Serpa Pinto). Dans ces conditions de précarité, les transports aériens sont les seuls à relier Luanda aux capitales provinciales avec quelque régularité. Le problème économique majeur de l’Angola, à l’issue d’une génération de guerres coloniale, civile et internationale, est – malgré une balance commerciale positive – l’alourdissement du déficit de la balance des paiements, estimé à 1 077 millions de dollars en 1990. Les dettes contractées auprès de l’U.R.S.S. et de Cuba dépassaient 3 600 millions de dollars au début de 1990, sur un total de 6 374 millions de dollars de dette extérieure.

4. Contacts anciens, colonisation récente

L’histoire de l’Angola est paradoxale car, si les contacts avec le Portugal sont très anciens, la colonisation y est des plus tardives et souvent très superficielle en dehors de quelques zones fort limitées. Pour bien la comprendre, il convient de dégager une idée essentielle. Il n’y a pas eu en Angola «cinq siècles de colonisation ou  d’exploitation», cliché qui encombre encore les manuels et fausse nombre d’analyses. En revanche, il existe des traits propres à la colonisation portugaise en Afrique qu’il est bon de connaître pour cerner la spécificité de cette histoire. On citera: la faiblesse et la pauvreté de la métropole qui manque d’hommes, de capitaux, de techniques et d’une vision cohérente des possibilités réelles d’un État trop souvent instable; la démesure de ses ambitions, dont le projet de continuité territoriale entre l’Angola et le Mozambique est l’exemple le plus achevé; la persistance tardive de la mentalité pillarde (traite et esclavage) chez la plupart des vecteurs blancs et métis de la colonisation, abandonnés à eux-mêmes par un État impuissant ou indifférent; la nécessité de pallier l’insuffisance des nombres par l’assimilation d’une mince couche d’Africains, relais entre le «civilisé» et le «barbare», d’où un clivage inévitable entre les colonisés, fondé sur la connaissance de la culture et l’adoption des idéaux des Portugais ; l’alliance d’un paternalisme instinctif à une dureté fréquente; la difficulté d’actualiser attitudes et politiques, et de préparer des transitions souples ou des changements d’orientation ordonnés. Ces six caractéristiques sont évidemment à compléter par des facteurs plus proprement angolais dont, en premier lieu, l’hostilité du milieu physique et humain. L’ensemble explique, dans une certaine mesure, l’apparente contradiction entre l’ancienneté des relations et la précarité de la présence portugaise jusque dans les années vingt. Le navigateur Diogo Cão découvre bien le fleuve Congo en 1482, ses successeurs implantent, certes, un programme d’assistance technique avec le royaume de Kongo dès la fin du XVe siècle, mais la traite négrière et les ambitions forcenées des agents de la Couronne et des interlopes indisposent les Bakongo contre les Portugais. Le roi Afonso Ier sera probablement le premier assimilé d’Angola, et son fils Henrique le premier évêque bantou, mais les relations tournent à l’aigre au siècle suivant. La christianisation sera toujours superficielle. En 1665, la défaite des Kongolais devant les Portugais et leurs alliés africains scelle la fragmentation du royaume. Les Portugais ne seront pas totalement absents de São Salvador du Kongo, mais il faut attendre deux siècles pour qu’ils conquièrent le cœur du royaume (1860). Encore faudra-t-il que Lisbonne attende le début du XXe siècle pour que l’autorité des Portugais soit reconnue sur la côte du Kongo et dans ses marches méridionales et orientales.

La dichotomie est identique le long de l’axe du Cuanza. Le royaume mbundu de Ndongo (dont le roi porte le titre de N’gola, d’où le nom Angola donné au pays par extensions successives) entre très tôt en relation avec les Portugais, et le conquistador Paulo Dias de Novais fonde Luanda dès 1576 (onze ans seulement après Rio de Janeiro), mais c’est une tête de pont qu’il faudra élargir par une interminable série de campagnes (la dernière date de 1919) contre les Mbundu. Le début du XVIIe siècle est une théorie de guerres dans ce couloir qui assure le passage des caravanes vers l’Afrique centrale. Dès cette époque, il apparaît que l’Angola portugais n’a qu’une marchandise rentable: l’esclave pour les plantations brésiliennes. L’occupation hollandaise (1641-1648) vise un même but: extraire des hommes pour l’Amérique, et, après la reconquête de l’Angola par les Portugais et les Brésiliens, la colonie portugaise au nord du Cuanza reprend son rôle de pompe aspirante, en concurrence avec le comptoir de Benguela qui n’a même pas pu se tailler un hinterland durable. Au XVIIIe siècle, c’est le Brésil qui fait vivre le Portugal et, pour alimenter le Brésil, il faut y enfourner des millions d’hommes, dont la majorité passent par les comptoirs d’Angola. Dans cette atmosphère où négriers et déportés donnent le ton, il n’est évidemment pas question de colonisation, mais d’extraction d’esclaves. Parfois un gouverneur comme Sousa Coutinho (1764-1772) essaie de remettre de l’ordre et de réaffirmer l’autorité de l’État à l’intérieur. Ces tentatives ne s’appuient sur rien de solide, car la population blanche et métisse des comptoirs (et même certains Mbundu jusqu’à Cassange) ne risque sa vie dans ce pays que pour s’y enrichir vite. L’indépendance du Brésil en 1822, l’abolition officielle de la traite négrière en 1836 et les patrouilles de la Royal Navy ruinent cet échafaudage parasitaire. En 1845, l’Angola portugais, qui n’occupe pas un vingtième de l’Angola actuel, compte 1 832 Blancs. Le Portugal part donc à la conquête véritable de l’Angola avec, pour seuls avantages par rapport à ses concurrents européens, un socle colonial longiligne (Luanda-Malange), six comptoirs côtiers et cinq présides intérieurs au nord, au centre et au sud. La fin «officielle» de l’esclavage en 1878 est moins importante que la succession de campagnes qu’il faudra organiser pour que la «frontière» de l’administration coïncide avec les frontières internationales négociées avec la France, l’État libre du Congo, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Aucun pays européen en Afrique tropicale ne se battra plus que le Portugal en Angola, puisque, si l’on enregistre trente-cinq opérations de 1848 à 1878, on en dénombre au minimum cent cinquante-quatre entre 1879 et 1926, certaines étant de véritables guerres modernes avec utilisation de milliers de soldats européens comme celles qui ont été nécessaires pour briser les Ovambo entre 1904 et 1915. On estime que 40 000 hommes ont été en campagne et que, entre 1902 et 1920, 83 p. 100 du temps de l’armée coloniale en Angola est consacré à la guerre permanente.

5. Un Brésil avorté

En 1900, neuf dixièmes de l’Angola au moins ne se trouvaient pas encore sous la domination portugaise. On peut réaffirmer que l’unité fragile de ce territoire est une opération du XXe siècle et que le moule colonial a eu à peine deux ou trois générations pour le modeler. On estime à 9 000 Portugais seulement le peuplement blanc en 1900. Le gouverneur général Norton de Matos (1912-1915 et 1921-1923) sera le fossoyeur des aspirations séparatistes des Négro-Africains évolués et des métis. La dictature militaire (1926) puis salazariste qui s’installe en métropole aura l’avantage de la longévité pour mettre en pratique une politique restrictive mais cohérente pouvant se résumer par l’axiome: l’Angola existe pour le bien du Portugal. Il doit lui offrir des matières premières à bas prix (coton), des devises fortes (vente des diamants et du café, transit ferroviaire), un débouché pour son industrie (tissus, vins), et absorber une partie de l’émigration blanche. Les Africains classés indígenas (environ 99 p. 100) deviennent des mineurs en droit et surtout un réservoir de travailleurs forcés; les autres, surveillés, ne sont pas censés nourrir d’autres aspirations que celles qui sont permises aux colons. Si les colonats créés par l’administration pour implanter des paysans pauvres sont un échec, la course au café (1950-1960) et le développement concomitant de cette colonie, devenue province d’outre-mer (1951), attirent un peuplement blanc nombreux (172 000 personnes en 1960), au moment où les autres puissances décolonisent en Afrique tropicale. Cette augmentation de l’émigration avive les tensions avec les Africains à l’intérieur d’un système où il est impossible de canaliser le mécontentement (absence de syndicats et de partis politiques libres). Le nationalisme africain peut se diviser en deux catégories. Les modernistes recrutent naturellement en ville, parmi les métis et les Négro-Africains assimilés, et autour des missions catholiques et surtout protestantes du pays mbundu. Le M.P.L.A. (créé en 1956) est le plus connu, mais une partie de ses dirigeants (pour la plupart marxistes) sont arrêtés (1959-1960) ou doivent s’exiler. Ils ont une conception globale de l’entité angolaise, mais sont moins influents en brousse que leurs concurrents ethno-nationalistes. Ceux-ci sont émiettés selon les subdivisions ethniques. Ce sont les Bakongo les plus actifs, leurs leaders vivant en exil au Congo belge et profitant amplement de l’indépendance (1960) et de la proximité de ce pays. Toutes les amorces de rapprochement entre le principal parti kongo, l’União das Populações de Angola (U.P.A.), créé en 1957, et le M.P.L.A. échoueront, et cela est dramatique pour la lutte nationaliste qui sera souvent plus fratricide que proprement anticolonialiste.

6. La fin du rêve colonial

L’année 1961 marque la cassure brutale des mythes coloniaux. Les colonisés de Lisbonne n’ont jamais voulu devenir majoritairement portugais mais, tout au contraire, prétendent être indépendants. Ils le font donc savoir par trois manifestations désarticulées: une jacquerie messianique anticotonnière dans la Baixa de Cassange (janv.-mars 1961); une tentative de soulèvement urbain à Luanda (4-10 févr. 1961) organisée en partie par certains membres non incarcérés du M.P.L.A.; la grande révolte des Bakongo – et d’une frange de Mbundu dans les Dembos – (15 mars 1961). Les deux premières sont vite noyées dans le sang, mais la troisième, fondée sur le massacre des Blancs (de 200 à 300 tués les premiers jours) et de leurs alliés, devient une affaire très grave dont les instigateurs (l’U.P.A.) n’avaient vraisemblablement pas mesuré les conséquences. Elle provoquera le massacre en représailles de plusieurs dizaines de milliers de Bakongo, le départ en exil de plus de 400 000 d’entre eux, l’arrivée d’un corps expéditionnaire qui finira par atteindre plus de 60 000 hommes treize ans plus tard, en un mot un bouleversement complet de l’ordre colonial. Après un long effacement, le M.P.L.A., handicapé par le soutien accordé par Léopoldville/Kinshasa à ses rivaux de l’U.P.A., finira par déplacer ses activités militaires (assez réduites au demeurant) vers le Cabinda et le Moxico (1966). Sous la conduite de son fondateur, Holden Roberto, l’U.P.A. deviendra un Frente nacional de libertação de l’Angola (F.N.L.A.) dont les faiblesses apparaîtront de plus en plus évidentes au fil des années. Un troisième mouvement, l’U.N.I.T.A., créé par un dissident du F.N.L.A., Jonas Savimbi, s’installera dans une guérilla larvée dans le centre de l’Angola, s’appuyant sur les Ovimbundu, les Quioco et les Ganguela. Cette tripolarité du nationalisme angolais masque, en réalité, l’antagonisme latent entre anciens assimilés (dont les métis) et indigènes (l’indigénat n’est supprimé qu’en 1961, le travail obligatoire qu’en 1962). Il fait le jeu des autorités coloniales qui, en 1974, tiennent fermement l’Angola en mains avec environ 100 000 soldats, supplétifs et policiers. Parallèlement à cette «guerre de libération» morcelée et assoupie, l’Angola portugais (probablement plus de 98 p. 100 de la population restée sur place) devient un territoire en pleine expansion économique. Pourtant, l’Angola n’est qu’un élément – le plus solide il est vrai – du dilemme colonial portugais. Peu coûteuse en hommes (officiellement de 3 000 à 3 300 soldats portugais tués entre 1961 et 1974 en Angola, sur un total de 7 000 hommes tombés en Afrique), mais sans solution militaire, la guerre africaine devient une tunique de Nessus pour certains capitaines qui en tirent les conséquences en renversant le régime postsalazariste en métropole (25 avr. 1974).

Mal aimée des colons, l’armée le leur rend bien et, dans la confusion générale de 1974-1975, les prend de court en refusant de se battre, puis en traitant avec les nationalistes toujours aussi divisés. L’invraisemblable imbroglio politico-militaire de 1974-1975 restera comme une tache sombre dans l’histoire portugaise: psychologiquement usée et minée, une armée, victorieuse sur le terrain, trahit sa mission en ne sachant ou ne voulant pas assurer une transition honorable vers une indépendance décente. Dans ces conditions de vide du pouvoir, les troupes nationalistes à la périphérie rentrent occuper leurs fiefs ethniques ou la capitale, et se lancent dans une surenchère partisane dont le but est la prise solitaire du pouvoir. Les accords d’Alvor (15 janv. 1975) instaurant un gouvernement provisoire quadripartite (Portugal, M.P.L.A., F.N.L.A., U.N.I.T.A.) sont bafoués par chaque protagoniste. L’insécurité est telle, en brousse et à Luanda (mars-juill. 1975), que les 300 000 à 350 000 colons qui détenaient jusque-là tous les rouages économiques et politiques d’un pays conçu pour eux s’enfuient (été de 1975) pendant que les combats font rage entre factions rivales. Après certaines hésitations, l’U.R.S.S. décide de renforcer le M.P.L.A., les pays occidentaux misant sur le F.N.L.A. et l’U.N.I.T.A. Mieux structuré et conseillé, ayant récupéré les sympathisants qu’il compte dans l’administration, et les plus évolués des citadins, le M.P.L.A. réussit à tenir les ports, le pétrole et les mines de diamants jusqu’à l’entrée (sept. 1975) des colonnes sud-africaines et des mercenaires qui épaulent efficacement l’U.N.I.T.A. Au Nord-Ouest, l’armée zaïroise envahit le pays pour soutenir le F.N.L.A. à la même époque. En octobre 1975, le chaos est tel, devant une armée portugaise décomposée, que le plus grand pont aérien de l’histoire doit évacuer vers Lisbonne une population blanche épouvantée (et certains de ses clients métis et noirs). À la fin d’octobre, le F.N.L.A. est à 20 kilomètres de la capitale, tandis que les colonnes sud-africaines et mercenaires culbutent les garnisons M.P.L.A. du Sud, du Centre et de l’Est. Au moment où le M.P.L.A. est aux abois, les premiers contingents cubains dotés de blindés et d’armes lourdes débarquent (à la fin du mois d’octobre) pour enrayer la défaite du M.P.L.A. Le 10 novembre 1975, les dernières troupes portugaises quittent l’Angola sans dire à qui elles remettent le pouvoir. Le 11 novembre, le président du M.P.L.A., Agostinho Neto, proclame l’indépendance de la République populaire d’Angola à Luanda, alors que tonne le canon.

7. Un pays en guerre permanente

Les troupes cubaines bloquent à la fin de novembre une colonne sud-africaine dans le Cuanza Sul, tandis qu’elles chassent sans difficultés le F.N.L.A. et les Zaïrois des abords de Luanda. À la fin de 1975, l’Afrique du Sud ne se sentant plus soutenue par les États-Unis décide de se retirer, tandis que Washington, en proie au «syndrome vietnamien», ne veut pas risquer une confrontation majeure avec l’Est. Après le retrait des dernières troupes sud-africaines (mars 1976), le M.P.L.A. peut croire les problèmes militaires réglés. C’était sans compter avec l’U.N.I.T.A. qui, repliée au sud-est, continuera à bénéficier du soutien des ÉtatsUnis et de l’Afrique du Sud. Celle-ci, pour riposter aux nationalistes namibiens de la S.W.A.P.O., basés dans le sud de l’Angola, n’hésitera pas à faire d’une bande de plusieurs centaines de kilomètres de large au nord de la frontière méridionale une zone d’intervention et même d’occupation, où l’armée du M.P.L.A. ne tiendra plus que quelques localités entourées de missiles. Si les autres nationalistes (Cabindais et résidus des troupes de l’ancien F.N.L.A.) sont peu menaçants pour le pouvoir central qui disposera d’un renfort permanent d’une vingtaine de milliers de soldats cubains et est-allemands, l’U.N.I.T.A., après 1980, s’enhardira à menacer non seulement les garnisons du Sud-Est qui lui appartient, mais aussi le Centre où les Ovimbundu lui accordent un soutien tacite ou actif contre l’administration et l’armée d’un pouvoir luandais en qui ils ne se reconnaissent pas toujours. Tant bien que mal, le M.P.L.A. s’efforcera donc de mener de front la lutte militaire, la reconstruction d’un pays martyrisé et parfois abandonné, le maintien de son aide aux nationalistes namibiens, l’élimination de toutes les contradictions ethniques, sociales et politiques en son sein (tentative de putsch du 27 mai 1977 contre le président Agostinho Neto, qui mourra le 10 sept. 1979 à Moscou), la lutte contre le sous-développement, la relance d’une économie réduite à quelques pôles d’activité, et la conquête d’un soutien populaire qu’il revendique. Se déclarant marxiste-léniniste, le M.P.L.A. prendra les apparences d’un appareil calqué sur le modèle soviétique, et constituera en fait l’État.

Sur le plan opérationnel, le successeur d’Agostinho Neto depuis 1979, le président Eduardo dos Santos, n’a jamais réussi à enrayer la progression de la guérilla de l’U.N.I.T.A. qui, entre 1984 et 1991, prend de plus en plus des allures de contre-gouvernement d’un Angola bis s’étendant sur environ un tiers du territoire et disputant aux autorités de Luanda le contrôle d’un deuxième tiers. Bénéficiant de l’appui logistique et humain de l’armée sud-africaine jusqu’en 1989, ce mouvement parvient à contrer les offensives du M.P.L.A. visant sa capitale, Jamba, dans la brousse du Sud-Est angolais et à menacer sérieusement le Nord-Ouest (café et pétrole) et le Nord-Est (diamant). De son côté, Pretoria hésite quant à l’ampleur de son engagement sur le terrain. En février 1984, l’accord de Lusaka conclu avec le M.P.L.A. laisse espérer un retrait de l’Afrique du Sud d’Angola en échange d’une diminution des activités des nationalistes de la S.W.A.P.O. Celles-ci persistant, l’armée sud-africaine en tirera argument pour venir au secours de l’U.N.I.T.A. lorsque celle-ci devra faire face aux offensives d’été successives que montera contre elle le M.P.L.A., sur l’axe Cuito Cuanavale-Mavinga, de 1985 à 1989. Devant ces escalades militaires annuelles de plus en plus coûteuses en hommes et en matériel, l’Afrique du Sud décide à la fin de 1988 d’accorder son indépendance à la Namibie en contrepartie du rembarquement d’une armée cubaine atteignant plus de 50 000 hommes à l’automne de 1988. Les pressions de l’U.R.S.S. sur le M.P.L.A. et celles des États-Unis et de l’Afrique du Sud sur l’U.N.I.T.A. aboutissent, après de laborieuses négociations, à la signature (31 mai 1991) d’un accord de paix entre les deux parties. Facilité par le retrait des troupes cubaines et l’adoption du multipartisme, il prévoit l’organisation des premières élections présidentielle et législatives libres, entre septembre et novembre 1992, la fusion des deux armées (160 000 hommes ou plus) en une force nationale unique (50 000 hommes), la libération des prisonniers politiques et le retour des réfugiés et exilés. La paix est enfin revenue, mais le pays reste à reconstruire après un conflit inutile qui a fait plus de 100 000 morts et, du fait des mines, 40 000 mutilés.

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