Marilyn Monroe pour toujours

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MARILYN MONROE 40 ans après sa mort
que reste t-il de l’ange égaré ?

1m 61. C’est sur cette toute petite taille que s’est bâtie la plus grande légende du septième art, le plus grand mythe. N’importe quel touriste se rendant au "Chinese Theatre" sur Hollywood Boulevard ne pourra être que surpris devant les formes dessinées dans un béton antédiluvien. De minuscules empreintes de mains fines aux os très minces, deux toutes petites marques de chaussures à talons haut. Tout à été dit pourtant, depuis les dernières décennies, sur la plus glamour et la plus tragique des stars. Trop de choses ont été écrites sur l’enfance malheureuse, les amours secrets et sa disparition énigmatique. Relayé depuis plus de 25 ans par une incroyable entreprise de vente de l’image consommation-marchandise, son reflet s’est propagé dans le monde entier continuant d’alimenter régulièrement tous les vendeurs de posters, cartes postales et tasses à café. Mais, 40 ans après, que reste-t-il de cette artiste au destin pathétique ? Quelques scènes mythiques ? Quelques photographies ? Et si finalement il nous restait l’essentiel ? Et si nous arrivions à découvrir dans certains de ses derniers films le vrai visage d’une femme dont le feu intérieur restera à jamais source de mystère, de tristesse et de fascination. Bref retour en arrière. Lancée par la Fox dans les années 50 comme la déesse du sexe, et la plus sulfureuse blonde platine depuis Jane Harlow, Marilyn Monroe en aura très vite assez de faire sans effort des millions de dollars en jouant la blonde idiote pour des films qu’elle tourne à la chaîne sans jamais être consultée. Des millions qu’elle engendre, elle n’en tirera qu’une très infime contrepartie ... Nonobstant le merveilleux Gentlemen prefers blondes (1953) ou son personnage de blonde stupide est dynamité avec le fameux : "Mais je croyais que vous étiez sotte ? " Oh non… en fait j’ai de l’esprit mais en général les hommes n’aiment pas ça".

Le vedettariat décroché à force de volonté et d’humiliations physiques en tout genre, Monroe quitte Hollywood et part pour New York. Elle s’inscrit à l’Actor's Studio, au même rang que les autres interprètes, et décide de se marier avec le dramaturge Arthur Miller. Elle se convertit au judaïsme et vomit publiquement l’ignoble commission des activités anti-américaines. Elle pose pour des milliers de photos devant l’objectif de Milton H. Green. Après deux années passées dans la gigantesque métropole, pour être respectée en tant qu’actrice (et être humain), celle qui pensait n’être rien et qui voulait conjurer le mauvais sort en devenant une autre, revient à Hollywood pour faire des films qu’il lui tiennent à cœur. 24 films avant New York, seulement 6 films après. Persistant dans ce qu’elle pense être la suite logique de son émancipation, elle fonde les Marilyn Monroe productions. Elle veut des rôles dramatiques, être reconnue comme une grande actrice. Elle tournera en 1956, Bus stop de Joshua Logan. Le film est inégal, mais par instants sublime, inoubliable. Grâce à Marilyn. Une partie de la réponse au " Pourquoi le plus grand mythe ? " se trouve probablement dans ce petit film (pour certains, le rôle de sa vie). Pour la première fois de sa carrière, elle ne joue plus une fille pour qui " se déshabiller " fait partie du travail, mais interprète un ange déchu, aveugle. Minable costume de scène, romantisme de pacotille et si aveugle à l’échec absolu de son existence que Marilyn produit dans ce film l’une des interprétations féminines les plus bouleversantes du cinéma américain des années 50. Le film est un succès, mais Hollywood, qui déteste les vedettes émancipées, nomine à l’oscar son partenaire pour lui infliger un camouflet. Elle se moque des récompenses. De toute façon, elle n’en aura aucune.

Joshua Logan : " Quelle actrice ! J’ai essayé de beaucoup l’aider, de la soutenir, parce qu’elle en a besoin ; elle a toujours peur de mal faire et elle ne se laisse pas facilement aller : il faut continuellement l’encourager, ne jamais la maltraiter. " Il rajoutera : " Je n’ai pas peur de dire que c’est une actrice aussi présente sur un écran que Greta Garbo et aussi bonne comédienne que Charlie Chaplin. (…) Comme Charlot, elle sait jouer à la fois gaie et triste, gai triste, vous comprenez : un humour mélancolique et une mélancolie humoristique ; elle est toujours à la limite." Après ce film dont la magie est intacte, même après 40 ans, Monroe place la barre très haut avec The prince and the showgirl (1957). Acteurs de composition et très gros budget. Le tournage est un cauchemar, le film est exécrable. Pourtant (on ne sait comment) mais elle parvient, malgré le statisme épouvantable de la mise en scène d'Olivier et son perpétuel mépris, à insuffler à son personnage médiocre une fraîcheur, une intelligence. Après les douleurs infernales du tournage de ce film, et malgré le plus gros succès commercial de sa carrière : le magique Some like it hot (1959) dans lequel elle irradie d’une lumière aveuglante, rien ne va plus. Elle rempile en danseuse-chanteuse dans le très moyen Let's make love (1960). De nouveau, un film pour le système. Elle n’a plus l’âge pour le rôle, et elle vieillit bien trop vite. Son mariage s’effrite. Puis arrive comme par miracle : The misfits en 1961. Probablement l’un des films les plus vibrants et les plus troublants de l’histoire du cinéma.

Marilyn n’aime pas les parallèles entre son rôle et son propre passé, mais c’est le rôle de sa vie. Le film est funèbre et splendide. Il s’agit d’une ode à Marilyn. Elle y est bouleversante et y déploie le talent d’une immense tragédienne. A la sortie, le film de John Huston est un désastre total. Trente ans plus tard, le très vieux cinéaste dira simplement, de manière résignée : " Il y a eu un sentiment de malheur dans toute cette expérience ". Miller, dont le script était un cadeau, rentre chez lui seul et Clark Gable (dont c’est probablement la plus magnifique performance) meurt juste après. Arthur Miller écrira : " J’avais écrit ce film pour que Marilyn se sente bien. Et finalement il l’a anéantie ". Ce sera son dernier film achevé. La dernière année de sa vie est la plus douloureuse, la plus intolérable. Se rapporter à l’effrayant et remarquable documentaire The last days de Patty Ivins. Sous l’effet de l’alcool et des barbituriques, Marilyn est incapable d’être professionnelle sur le tournage du médiocre Something's got to give (1962). Les retards s’accumulant et les dettes de la Fox augmentant avec Cleopatra, Marilyn Monroe est renvoyée. Dès lors, elle entame un combat de la dernière chance. Sa carrière bat de l’aile pour la première fois et elle se précipite dans un bras de fer avec la Fox pour reprendre le tournage. Avec une incroyable acuité médiatique, elle pose pour de jeunes et nouveaux photographes (touchante série de photos de G. Barris) et enchaîne les interviews pour le magazine " Life " entre autres. Et c’est gagné. La Fox ne peut se passer de Marilyn. Le 28 juin 1962, Monroe décroche et signe un nouveau contrat avec les employeurs qui venaient de la licencier sans ménagement quelques semaines auparavant.

Cependant, compromise avec des membres trop puissants et trop élevés de la " Jet Set ", elle perd pied psychologiquement et physiquement. Elle se voit détruite, abusée par des hommes qui se la passent de main en main comme un vulgaire morceau de viande. Président, frère de Président, chanteur de Las Vegas, patron de la mafia… Elle est même monstrueusement abusée et humiliée sexuellement dans une orgie (fin juillet 62), droguée au Cal Neva Lodge. Résidence dans laquelle les stars d’Hollywood et les pontes de la mafia se retrouvent. Elle en sort comateuse et terrifiée. Les derniers jours avant sa mort, elle parvient, dans un sursaut de lucidité inespéré, à renvoyer tous les parasites de son entourage qui l’étouffent : Paula Strasberg, Patricia Newcomb, Ralph Greenson. Respectivement son coach, son attaché de presse et surtout son psychiatre. Mais tout s’effondre… dans la nuit du 4 au 5 août 1962. Elle meurt à la suite d’un cocktail mortel d’alcool et de médicaments. A 36 ans. Totalement nue, un téléphone encore serré dans sa main. Lors de cette nuit, tant " fantasmée ", elle cherchera du réconfort auprès de plusieurs de ses amis de la Jet Set, mais aucun ne daignera se déplacer. Ce n’est que 5 heures après sa mort que la police sera contactée. Ecrivant le script de ce film unique qu’est The Misfits, et observant celle qui vivait à ses cotés, Miller dira plus tard : " Sa douleur même exprimait la vie et la lutte contre l’ange de la mort. Elle était un reproche vivant pour les indifférents ". Dans le nouveau montage de 38 minutes de son dernier film inachevé Something's got to give (récemment restauré), Marilyn n’est plus que l’ombre d’elle même. Elle parle au ralenti, semble complètement perdue et passe de décor en décor comme un fantôme égarée, définitivement éloignée de tout monde humain. Ses yeux se ferment déjà …

Marilyn Monroe aura incarné tous les espoirs et les craintes d’une humanité souffrante. La beauté, la gloire, la lumière et la solitude, le désespoir et la mort. Peu importent alors les théories improbables de cette nuit d’août, puisqu'elle n’est plus. Un jour peut-être, dans plusieurs décennies ou plusieurs siècles, son mythe disparaîtra. Dans ces années éloignées, il suffira de revoir les scènes finales de Bus stop où, derrière un maquillage blafard (une idée de Milton Green), son visage photographié face à un objectif en cinémascope et technicolor laissera entr’apercevoir, derrière le bleu larmoyant de ses yeux, un avant-goût d’absolu. Il suffira de guetter ses inflexions, ses regards, ses sourires et les mouvements de son corps superbe dans la scène de l’arbre devant lequel elle se met à danser dans les Misfits … Dans ces brefs instants éternellement inscrits sur pellicule (et maintenant en transfert lumineux sur DVD) il nous restera à jamais la grâce céleste, la splendeur tragique d’un petit être qui aura été, aux dépens de sa courte existence, l’ultime et fragile incarnation du septième art.

Un ange égaré sur Terre.

Source : Objectif-cinéma
Sébastien MIGUEL

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